Lord Kossity s'est fait connaître dans le rap français grâce à sa grosse voix rauque entendue dans le titre “Ma Benz” de NTM en 1998. Mais il aurait très bien pu se faire connaître par sa grosse frappe puisque celui qui jouait avant-centre à l'US Créteil dans sa jeunesse a failli passer pro. Des quotas aux vuvuzelas en passant par Zahia, Thierry Moutoussamy de son vrai nom s'est donc entretenu volontiers avec Afrik-foot sur l'autre culture urbaine avec le rap.
Afrik-foot: Lord Kossity, il paraît que le ballon rond et la petite balle jaune n'ont pas de secret pour toi…
Lord Kossity: Oui c'est vrai que je me débrouille, je suis classé 4/6 au tennis. Et quand j'étais jeune, je jouais avant-centre à l'US Créteil. Si bien que j'ai failli devenir footballeur professionnel. Mais même si j'ai des potes footballeurs comme Mamadou Sakho (PSG, NDLR) ou Mamadou Niang (ex-OM), je ne supporte pas une équipe en particulier en France. A part peut-être les bonnes équipes (sourire).
Ton avis sur l'affaire des quotas dans le foot français ?
J'ai été très choqué par les propos tenus, qui datent de la France coloniale. L'idée d'instaurer un deux poids deux mesures dans les sélections de jeunes est scandaleuse. Un footballeur doit être jugé sur la compétence, le mérite, le talent. Ce ne doit en aucun cas être une histoire de couleur. La France doit pouvoir se nourrir de l'apport des joueurs binationaux.
Les joueurs de foot sont souvent critiqués pour leur mode de vie bling-bling, totalement coupé de la réalité. Mais dans le milieu du rap, c'est pareil, non ?
Je ne pense pas car contrairement aux footballeurs qui gagnent un salaire fixe, les rappeurs ont des hauts et des bas (sourire). Et puis même si nous aimons afficher notre réussite dans les clips, notre rôle est de continuer à délivrer des messages, à dénoncer des injustices. Personnellement je me considère davantage comme un ancien pauvre que comme un nouveau riche (rires). Contrairement aux footballeurs, nous gardons la tête sur les épaules. Par exemple une affaire Zahia ne pourrait arriver dans le rap. Il faut vraiment être idiot pour tomber là-dedans.
Tu as vu des matches en Afrique du Sud au cours de la dernière Coupe du monde. Tes impressions sur les équipes africaines ?
Le Cameroun, c'est vraiment une super équipe. Je suis particulièrement admiratif de Samuel Eto'o qui a des qualités athlétiques et techniques exceptionnelles. J'ai aussi été impressionné par le parcours du Ghana (les Black Stars ont échoué aux portes des demi-finales), pour lequel j'ai senti un réel engouement. Mais je n'imagine pas voir une sélection africaine remporter la Coupe du Monde avant une dizaine d'années, même s'il y a de très bons joueurs sur le continent. C'est d'ailleurs dommage qu'ils partent tous en Europe.
Et l'ambiance dans les stades ?
En tant que musicien, je trouve que le vuvuzela est un instrument intéressant. D'ailleurs j'aime bien la nouvelle chanson d'Alpha Blondy (“Vuvuzela”, NDLR). Mettre des extraits de cet instrument dans mes prochaines chansons ? Pourquoi pas, je n'y avais pas pensé (rires).
Quel est ton actualité musicale?
Je pars bientôt aux États-Unis pour préparer un nouvel album qui proposera des titres en français et en anglais. Je vais notamment travailler avec Kriss Kross, Chris Brown et Busta Rhymes.