Mahmous Al-Khatib a tout gagné sur le continent africain, autant avec son club de toujours, Al-Ahly, qu'avec la sélection égyptienne. Mais si le Ballon d'Or africain 1983 est considéré comme le meilleur joueur de foot égyptien de tous les temps, c'est autant pour le nombre de ses trophées que pour sa personnalité en or et son attachement à ce sport.
Sur le plan des statistiques, les Pharaons ont dans leurs rangs beaucoup de grands joueurs, tels Hossam Hassan (meilleur buteur de la sélection), Mohamed Aboutrika (cinq vois vainqueur du championnat d'Egypte) ou encore Hessam Al-Hadary (121 sélections). Aucun n'arrive cependant à la cheville de Mahmoud Al-Khatib, surnommmé “Bibo”, le bien-aimé, en termes de popularité. Lorsque le milieu offensif décide de raccrocher les crampons en 1987, après seize saisons à Al-Ahly, jamais autant de cérémonies d'adieu n'avaient été organisées dans un club arabe. Tout autour du stade international du Caire, des voitures de fans arborant des photos du natif de Dakahlia ont défilé dans les rues en klaxonnant.
Si Al-Khatib est considéré aujourd'hui comme le meilleur joueur égyptien de tous les temps, son palmarès et son nombre de buts inscrits à faire tomber par terre y sont évidemment pour quelque chose. En seize années avec les Diables Rouges, Al-Khatib remporte dix titres de champion, cinq Coupes d’Egypte et inscrit son nom dans l’histoire des compétitions continentales avec 37 buts en 49 rencontres. Ce record n’a toujours pas été battu, vingt-deux ans après la fin de la carrière de “Bibo”. En 1982 et 1987, Al Ahly remporte la Coupe d’Afrique des Clubs Champions et en 1984, 1985 et 1986, c’est la Coupe des Vainqueurs de Coupe qui tombe dans l’escarcelle des Cairotes. Au niveau international, Al-Khatib est le deuxième meilleur buteur de la sélection (39 buts en 60 sélections) après Hossam Hassan. Son dernier match sous le maillot des Pharaons n'est rien d'autre que la finale de la CAN 1986, remportée aux tirs aux but face au Cameroun.
Blessé à la tête, il marque deux buts… de la tête
Mais Mahmoud Al-Khatib, c'est plus que des récompenses et des trophées que l'on étale sur la table comme des lettres au Scrabble. Le Ballon d'Or africain 1983 était un artiste sur le terrain et était connu pour son excellente vision du jeu et sa vista. S'inspirant du jeu tout en mouvement des joueurs sud américains, sa faculté à percer les défenses adverses était incomparable. Exposé aux tacles et aux blessures à répétition, Al-Khatib était un guerrier. Dans un match en 1977 contre la Tunisie, il ne joua pas seulement avec une blessure à la jambe, mais il marqua le but vainqueur. Dans un autre match contre le Nigéria, une blessure à la tête ne l'empêche pas de marquer deux buts en une demie-heure… de la tête.
De nombreuses fois blessé mais pas rancunier. Car Bibo était un véritable seigneur sur le terrain. A l'image de l'anglais Gary Lineker, jamais sanctionné au cours de sa carrière, il ne reçoit en tout que deux cartons jaunes.
Enfin, celui qui est aujourd'hui vice président d'Al-Ahly est avant-tout un mordu de football. Mieux, le ballon rond résonne comme une obsession pour celui qui, dans son enfance, passait son temps dans la rue à jouer avec des galets et des boites de conserve. Si bien que ses parents se plaignent de devoir lui acheter sans cesse de nouvelles chaussures. De plus, “il ne se couchait jamais sans serrer contre lui son ballon et sans rêver de marquer le but décisif en finale“, affirmaient-ils au Weekly Ahram. Alors que la famille déménage d'Ains Shams à Sharqiya en 1961, il ne faut à Mahmoud que trois jours pour former une nouvelle équipe devant son école et une autre devant la maison. A l'occasion de son premier match scolaire, il plante trois buts et fait gagner son équipe. Le jour suivant, il est désigné capitaine par le proviseur. Mais si Mahmoud empile les buts et gravit les échelons, son père l'oblige plutôt à se concentrer sur ses études. Enfermé un jour dans sa chambre pour faire ses devoirs, le futur Pharaon s'échappe par la fenêtre pour disputer un match important de district. Il marque ce jour-là six buts, gagne la Coupe avec son équipe et remporte le trophée de meilleur joueur. “ A mon retour à la maison, mon père était furieux “, confiait “Bibo” au Weekly Ahram. Mais je lui ai montré la coupe et le trophée. Il s'est alors montré plus compréhensif“. Pour le plus grand bonheur des Egyptiens.