Mais où va le football maghrébin?

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Destins croisés en 2010 pour l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les trois places-fortes du football maghrébin ont alterné le bon et le moins bon: qualification pour la Coupe du monde pour les Fennecs, échecs piteux pour les Lions et les Aigles. Les nations arabes ont vécu une année 2010 riche en enseignements mais aussi en désillusions.



 Algérie, le renouveau

Seul représentant nord-africain en Afrique du Sud, l'Algérie a composé avec ses armes: une capacité de réaction incroyable et un mental à toute épreuve. C'est grâce à cette force de caractère que les Fennecs sont venus à bout des difficultés pour rejoindre le Mondial, vingt-quatre après leur dernière apparition, ou atteindre les demi-finales de la CAN 2010.

Mais cette équipe compacte, sans génies ni stars, affiche vite ses limites. Sans buteur, la Khadra ne peut miser que sur sa force de caractère. C'est souvent insuffisant, comme la demi-finale face à l'ogre égyptien (4-0) ou les carences offensives du Mondial l'ont prouvé. Le niveau de jeu est consternant et ce ne sont pas les résultats face à la Tanzanie (1-1) ou en Centrafrique (2-0) qui vont rassurer. L'éviction de Rabah Saâdane, remplacé par le Général Abdelhak Benchikha, ne semble pas avoir changé la donne. Comme d'habitude, les Algériens, capable de tout, joueront avec leurs tripes.

 Tunisie, la fin de cycle

L'année 2010 aura été compliquée pour les Aigles de Carthage. Alors qu'ils avaient pratiquement validé leur billet pour l'Afrique du Sud, les Tunisiens se sont pris les pieds dans le tapis face à Mozambique (1-0). Résultat, ne élimination sans gloire qui marque surtout la fin d'un cycle: les bons résultats des clubs locaux, régulièrement placés en Ligue des Champions ou en Coupe de la CAF, ne cachent plus la crise des Aigles de Carthage. La campagne angolaise, pour la CAN 2010, a été le chant du cygne des Tunisiens, éliminés avec zéro victoire.

L'arrivée de Bertrand Marchand n'a pas changé grand chose. Les Aigles sont à la peine et c'est tout l'équipe qui est à repenser: le manque de fond de jeu est criant, les carences évidentes et les cadres ne jouent plus leur rôle, quant ils n'ont sont pas pris à partie par le public, à l'image d'Issam Jemaâ. Friable mentalement, la Tunisie manque de joueurs de caractères que les excellentes infrastructures du pays ne peuvent compenser. Faouzi Benzarti, revenu aux manettes, sait ce qu'il lui reste à faire: mettre à un terme à une instabilité chronique pour redonner une âme à son équipe.

 Maroc, la reconstruction

Sur le papier, le bilan le moins flatteur est pour le Maroc. Mais, à y regarder de plus près, c'est aussi là que se trouvent les plus sûrs espoirs du football nord-africain. Certes, les Lions de l'Atlas n'ont disputés ni la CAN en Angola ni la Coupe du monde en Afrique du Sud mais, avec un sélectionneur du calibre d'Eric Gerets, la FRMF s'est donné les moyens de ses ambitions.

Objectif reconstruction donc, pour le technicien belge qui peut s'appuyer sur Marouane Chamakh (Arsenal), Houssine Kharja (Genoa), Mehdi Benatia (Udinese), Youssef El-Arabi (Caen) ou Mounir El Hamdaoui (Ajax) pour relever le niveau. Une jeune génération talentueuse qui progresse doucement mais surement. Depuis la finale de la CAN 2004, l'équipe nationale marocaine est partie à vau-l'eau, minée par les guerres de clans et les luttes d'influence. Treizième au classement FIFA en 1998, le Maroc est désormais 79e. Mais, avec le Lion de Rekem aux commandes, pas question de se reposer: les Lions de l'Atlas peuvent voir l'avenir en rose. Mais la route vers le Gabon et la Guinée équatoriale passe par une double confrontation aussi fratricide que décisive face au voisin algérien. Reste maintenant à redresser la Botola, le championnat local malade du hooliganisme et qui ne fait plus recette.

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Ali Makhan