Seydou Keita, capitaine du Mali, oscillait entre rires et larmes au terme du quart de finale victorieux face au Gabon (1-1, 5-4 tab). Le drame qui se trame au pays a gâché la fête des Aigles.
(de notre envoyé spécial à Libreville)
Il aurait dû avoir le sourire mais c'est l'air sérieux que Seydou Keita s'est présenté devant les médias. Le capitaine des Aigles ne parvenait pas à oublier le drame qui se déroule en ce moment au Mali. Pas question pour le Barcelonais de fêter la qualification des siens pour les demi-finales de la CAN 2012, la première depuis 2004.
Pour rappel, des combats violents ont lieu entre l'armée malienne et les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) dans le nord-ouest du pays, mettant fin à des années de paix relative, alimentée par le retour de Libye de Touaregs qui ont combattu dans l'armée de Moammar Kadhafi. Des dizaines de milliers de personnes auraient fui la zone pour aller se réfugier au Niger et en Mauritanie.
“On est tous Maliens”
Mais foin de politique pour Keita: “C'est très très difficile pour nous. On devrait être contents. Mais on est tristes. On a fait ça pour tout le peuple malien. Ce que l'on veut, nous, c'est la paix. Que l'on soit du Nord ou du Sud, on est tous Maliens. On n'est pas différents. Nous ne sommes pas habitués à ça: on n'a connu que la paix. C'est pour ça que je veux lancer ce message, assurait le joueur de 32 ans. Il faut que les gens arrêtent de se tuer au Nord. Je sais que le président fait ce qu'il peut mais on voudrait qu'il en fasse encore plus.”
Enroulé dans son drapeau vert-jaune-rouge, l'ancien Lensois ne songeait pas à ce quart de finale victorieux. Encore moins à l'alléchante demi-finale qui se profile face à la Côte d'Ivoire, ce mercredi. “On devrait être contents mais on est tristes à cause des évènements du Mali. Le football, ce n'est qu'un jeu. La vie, c'est plus que le foot. On ne peut pas être contents. On est tristes, vraiment tristes“, assurait-il, sans l'ombre d'un sourire. C'est pourtant lui qui a marqué le tir au but décisif, celui de la victoire. Mais, ce dimanche, Keita et les Aigles avaient la tête au Mali.