Publié mercredi, le procès verbal d'une audition de Chuck Blazer par la justice américaine remontant à 2013 confirme les révélations effectuées la semaine dernière : Le Maroc est bien soupçonné d'avoir versé des pots-de-vin en vue de l'attribution du Mondial 1998. Et le controversé Américain aurait servi d'intermédiaire.
L’étau se resserre autour du Maroc. Déjà soupçonné d’avoir acheté la voix de Jack Warner, alors président de la Concacaf (Confédération d’Amérique du nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes), pour tenter de remporter l’attribution du Mondial 1998, le Royaume aurait également eu recours à Chuck Blazer comme entremetteur. Secrétaire général de la Concacaf de 1990 à 2011, cet homme de 70 ans est la taupe à l’origine de l’éclatement du Fifagate puisqu’il sert d’informateur au FBI depuis 2011.
Dix-neuf ans plus tôt, en 1992, l’année de l’attribution du Mondial 1998, la route de l’Américain aurait croisé celle du Maroc. “Durant ma collaboration avec la FIFA et la CONCACAF, parmi d'autres choses, je me suis mis d'accord avec d'autres personnes, autour de 1992, pour faciliter l'acceptation d'un pot-de-vin en lien avec la sélection du pays hôte pour la Coupe du monde 1998“, a indiqué l’homme de 70 ans lors d'une audition devant la justice américaine en 2013, rapporte un procès-verbal publié mercredi.
Blazer, l'intermédiaire
En compagnie d’un haut-dirigeant de la Concacaf et de la FIFA appelé “complice n°1“, Chuck Blazer a expliqué s’être rendu au Maroc sur une invitation du comité de candidature local. “Blazer était présent lorsqu’un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays-hôte de la Coupe du monde 1998 et le conspirateur N.1 a accepté le pot-de-vin”, précise le procès-verbal.
Blazer a ensuite continué à remplir son rôle d’intermédiaire. “Après leur voyage, le complice a demandé à M. Blazer de contacter les représentants de la candidature marocaine pour déterminer quand le versement serait effectué. Blazer s’est entretenu au téléphone avec eux à plusieurs reprises“, poursuit le document, qui conclut non sans ironie : “Bien que le paiement ait été effectué, le comité exécutif de la FIFA a préféré le 2 juillet 1992 la candidature de la France à celle du Maroc“. Le Royaume chérifien n'a pour l'heure pas réagi à ces accusations, vieilles, il est vrai, de 23 ans.
Blazer en remet une couche sur 2010
Malgré les démentis répétés du gouvernement sud-africain, Chuck Blazer a également affirmé lors de son audition que la désignation de l’Afrique du Sud comme pays-hôte du Mondial 2010 a fait l’objet de pots-de-vin. “A partir de 2004 et jusqu'en 2011, moi et d'autres membres du Comité exécutif de la FIFA, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l'Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010“, assure l'américain. Nul doute que le Fifagate réserve encore bien des révélations.