Mondial féminin : Cameroun et Côte d’Ivoire, la prime à l’amateurisme

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De retour de la Coupe du monde féminine, les sélectionneurs du Cameroun et de la Côte d'Ivoire ont dressé le bilan du parcours de leurs formations respectives. Si les deux techniciens s'estiment satisfaits des prestations de leurs joueuses, ils fustigent cependant de la même manière la préparation chaotique à laquelle ils ont dû faire face.


Camerounaises et Ivoiriennes garderont assurément un bon souvenir du Canada. Malgré leur élimination de la compétition, respectivement en quart de finale et en phase de groupes, les deux sélections pourront difficilement oublier ce qui était leur première participation à une phase finale d'une Coupe du monde. Surtout les Lionnes Indomptables, qui sont parvenues à se hisser jusqu'en 8e de finale de l'épreuve, dépassant les attentes de la plupart de leurs supporters… et même d'Enow Ngachu.

Enow Ngachu : “Le jour où nous pourrons nous préparer…

Malgré l’élimination du Cameroun face à la Chine, le sélectionneur a dressé un bilan positif du parcours de ses joueuses. “Pour notre première participation, nous avons beaucoup appris. Il faut que nous développions le football féminin. Nous avons besoin d'une bonne organisation et nous devons créer autant de clubs que possible“, a-t-il indiqué, avant de pointer du doigt la préparation de l'équipe, qui a dû composer avec les moyens du bord. “Le jour où nous pourrons nous préparer et nous organiser de manière optimale, je crois qu'une nation africaine sera capable de remporter la Coupe du monde (…) Nous espérons simplement que grâce à notre performance, beaucoup de choses vont changer au Cameroun et en Afrique.

Reproche à peine voilé à l'encontre de la Fédération camerounaise, qui a eu bien des difficultés à gérer la préparation de l'équipe qui est restée cantonnée au pays, avec le simple match amical face à la Côte d'Ivoire comme principal test, mais surtout des affaires de primes impayées et datant de la CAN 2014 qui ont refait surface au pire des moments, juste avant le départ de l'équipe.

Même son de cloche du côté de la Côte d'Ivoire où les Eléphantes ont quitté le Canada avec trois défaites dans les valises dont un retentissant 10-0 concédé face à l'Allemagne. Si, en dépit de ce score qui a beaucoup fait parler, la sélectionneur Clémentine Touré se montrait satisfaite de la prestation de ses joueuses, la technicienne a également fustigé les conditions dans lesquelles l'équipe s'est préparée.

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Clémentine Touré : “Nous avons été abandonnées

Nous n’avons pas eu une bonne préparation. Les 10 buts à 0 resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Ce score restera collé à moi. Ce n’est pas la valeur de la Côte d’Ivoire“, a-t-elle déploré dans un entretien accordé à africanewsquick. “Nous sommes arrivées au Canada à 72 heures de la compétition. Il y a eu la fatigue du voyage, le décalage horaire de 4 heures de plus par rapport à Abidjan, la température parce qu’il fait très froid ici. Toutes ces choses ont empiré notre situation quant à la mauvaise préparation dont nous avons été objet“.

Dans le viseur de la technicienne, la Fédération ivoirienne, visiblement à l'origine de tous les maux, à l'instar des affaires qui secouent la sélection masculine. “Nous avons été abandonnés aux mains de la Fédération ivoirienne de football seule. Toutes les promesses qui nous ont été faites par le gouvernement après notre performance à la Coupe d’Afrique des nations à laquelle nous nous sommes qualifiées pour ce Mondial, se sont volatilisées“, lâche-t-elle.

On nous avait promis une décoration après la CAN, rien n’a été fait jusqu’à ce jour. On nous avait également promis des moyens afin de mieux nous préparer. Nous avions souhaité avoir des matchs amicaux avec les pays qualifiés comme la France, les Etats-Unis et le Japon pour leur expérience à cette compétition. Mais nous n’avons rien eu de tout ça. Nous avons été abandonnées comme si on jouait pour la FIF et non pour la Côte d’Ivoire.” Constat sans concession alors que la Fédération avait dû gérer elle aussi l'épineuse question des primes juste avant le départ des joueuses, qui avaient débuté un boycott de l'entraînement. Il a fallu une réunion de crise en urgence pour désamorcer la situation et que l'équipe prenne la route du Canada pour le résultat que l'on connaît. Pas la meilleure des préparations.

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Mansour Loum