Après le beau parcours au Mondial féminin, place à l’incompréhension. Les Lionnes du Cameroun ont appris que leurs primes de résultats seraient soumises à une taxe de 16,5 %. De quoi déclencher un énième conflit.
Les honneurs auront été de courte durée. Accueillies en grandes pompes par Roger Milla ou encore Adoum Garoua, le ministre des Sports et de l’Education physique, à leur arrivée à l’aéroport de Yaoundé, mardi soir, les Lionnes du Cameroun s’estiment déjà victimes d’une injustice. Une partie de leurs primes devrait être taxée.
En décembre 2014, une loi a été édictée et prévoit que “les rémunérations, allocations, sommes et toutes primes de toute nature attribuées aux (…) sportifs et artistes à quelque titre que ce soit et quel que soit leur domicile fiscal, sont imposables à l’impôt sur les Revenus non commerciaux (RNC) au taux de 16.5%.” Autrement dit, sur les 21 millions de francs cfa de primes (environ 32 000 euros), 3 465 000 de francs cfa seraient prélevés par l’Etat, ce qui réduirait le montant de la récompense à 17 535 000 francs cfa pour chaque Lionne (environ 26 700 euros).
“Pourquoi sortir ce texte maintenant ?”
Alors qu’elles ont porté haut les couleurs de l’Afrique pendant le Mondial, en atteignant les huitièmes de finale dès leur première participation, les protégées d'Enow Ngachu s’estiment victimes d’une injustice. Et pour cause : malgré leur élimination dès la phase de groupes de la dernière CAN, leurs homologues masculins ont bien touché l’intégralité de leurs primes début 2015 puisque la loi n’est entrée en application que fin février.
Mais les coéquipières de Christine Manie, qui ont pour l’heure perçu seulement leur prime de présence (1 000 euros), ne comptent pas en rester là et entendent bien défendre leurs intérêts. “On nous parle d’une loi alors qu’on ne nous a jamais dit que nos primes souffriraient de quelque coupe que ce soit. On nous dit que ce texte a été signé depuis le mois de février. Pourquoi ne pas nous dire dès le départ ? Pourquoi avoir gardé ce texte depuis lors pour le sortir aujourd’hui quand il faut payer nos primes ?“, s’étonne une des joueuses à Camfoot.com, sous couvert d’anonymat.
La présidence comme dernier recours ?
“Je vous assure, nous n’allons pas bouger de cet hôtel (le Mont Fébé que les Lionnes ont regagné à leur arrivée, ndlr) si on ne nous paye pas tout ce que nous demandons“, menace une autre. “Ce n’est pas un chantage. Mais, il faut que le responsable de cette situation nous respecte. Nous aimons tous notre pays et c’est pour cela que nous avons fait fi des primes pour défendre d’abord le drapeau en jouant“. Après avoir vibré comme un seul homme pour soutenir les Lionnes pendant le Mondial, le Cameroun se divise désormais sur la question de leurs primes. Egalité devant l'impôt ou traitement de faveur, chacun a son opinion sur la question.
Alors qu'elles pensait l'épineuse question des primes réglée avant le Mondial, Gaëlle Enganamouit et ses coéquipières devraient pouvoir plaider leur cause directement auprès de la présidence de la république, qui devait les recevoir vendredi au plus tard. A moins qu’une nouvelle désillusion ne vienne remettre la rencontre à plus tard.