Mustapha Hadji : “ce Maroc me fait penser au Nigeria d’il y a quelques années”

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Quelques jours après avoir pris part au tirage au sort de la CAN 2025 que son pays accueillera à partir du 21 décembre prochain, l’ex-international marocain Mustapha Hadji (53 ans, 64 capes entre 1993 et 2002) s’est confié en exclusivité pour Afrik-Foot. Les chances des Lions de l’Atlas à domicile, le poste d’avant-centre, la nouvelle génération dorée… L’ex-milieu de terrain passé par Nancy, le Sporting Portugal, La Corogne, Aston Villa ou encore l’Espanyol Barcelone n’a éludé aucun sujet.

Entretien réalisé par Yoro Mangara,

Le Maroc est logé dans le groupe A de la CAN 2025 en compagnie du Mali, des Comores et de la Zambie. Prendre le Mali dans le chapeau 2 et les Comores dans le 4, c’était quasiment le pire tirage possible, non ?

De toute façon, aujourd’hui en Afrique, tu peux tirer n’importe quelle équipe, le premier tour est toujours délicat, toujours compliqué. Toutes les équipes vont arriver avec une très bonne préparation. Tout le monde est au meilleur de sa forme, ils vont gérer les blessés. C’est par la suite que c’est compliqué. Le premier tour en général, tout le monde est au beau fixe. Aujourd’hui, tu peux tirer qui tu veux, il n’y a plus de petite équipe en Afrique.

“Ce sera très difficile de rivaliser avec le Maroc sur son sol”

Quelle est l’équipe qui pourrait rivaliser avec le Maroc pour le sacre final ?

Ah, c’est toujours délicat à dire. Nous avons de grandes nations aujourd’hui en Afrique comme l’Egypte, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, l’Algérie, la Tunisie même s’ils ne sont pas tête de série. Il y a aussi le Mali. Il y a de bonnes équipes en Afrique. Après, tout dépend de la forme du moment. Nous sommes à un an du début de la compétition. Tout dépend de l’effectif, s’il y a des blessures ou pas, si les joueurs sont titulaires dans leur club respectif. Il faudra suivre tous les joueurs pendant la saison. Mais c‘est vrai que ce sera très difficile de rivaliser avec le Maroc sur son sol. Nous avons une très bonne équipe.

Mustapha Hadji, Maroc
Mustapha Hadji avec le maillot du Maroc contre la France en 1999 © Iconsport

La CAN va se jouer dans neuf stades différents, une première en Afrique… Est-ce à dire que le Maroc est prêt pour accueillir la finale de la Coupe du monde en 2030 ?

Aujourd’hui nous en avons la capacité. Nous avons les infrastructures, la logistique, le transport, l’accueil. Et comme vous le savez au niveau géographique, nous sommes bien placés…

Selon tous les spécialistes, la CAN en Côte d’Ivoire a été la plus belle de l’histoire. Pensez-vous que celle du Maroc sera encore plus belle ?

Je suis sûr qu’elle sera encore plus belle. Le Maroc est à un vol d’oiseau de l’Europe. Tous les ressortissants africains, les Africains de la diaspora seront là. Nous avons des stades magnifiques, des pelouses dernière génération. C’est très important pour la qualité du jeu. A cela s’ajoute le climat. Il ne fait pas quarante degrés au Maroc. C’est un climat qui va osciller entre 18 et 20°C, température idéale pour jouer au football.

“Nous avons 3 grands attaquants”

Concernant le poste d’avant-centre de la sélection du Maroc, Youssef En-Nesyri enchaîne les buts en club mais a plus de mal avec l’équipe nationale. Ayoub El Kaabi et Soufiane Rahimi ont démarré les derniers matchs. Qui doit être le titulaire selon vous ?

Ce qui fait la force d’une équipe, c’est la concurrence. Plus nous avons de bons joueurs, plus le coach est content. Je pense que, quand il y a de la concurrence, les joueurs se subliment. Ce n’est pas un problème. Nous avons 3 grands attaquants qui ont tous marqué je crois près d’une vingtaine de buts cette saison, ce sont quand même de belles performances. Le Maroc a de grands attaquants, c’est un atout en plus pour Walid Regragui et l’équipe nationale.

Toujours à ce poste, Hamza Igamane, qui flambe avec les Glasgow Rangers, sera-t-il de la partie ?

(Rires) Il faudra poser cette question à l’entraineur. Moi, j’aurais bien aimé qu’ils soient tous là. Ce qui se passe dans notre pays est incroyable. Nous avons d’excellents footballeurs un peu partout en Europe. Vous allez voir des talents émerger chaque mois. Je compare le Maroc au Nigeria d’il y a quelques années. J’aurais aimé qu’on puisse sélectionner plus de quarante joueurs. C’est une bonne chose pour une nation.

Hamza Igamane, Glasgow Rangers, janvier 2025
© Iconsport

D’ailleurs, le duo Brahim Diaz-Eliesse Ben Seghir, ça fait rêver non ?

Vous venez de citer deux joueurs de classe mondiale. Ils sont d’un autre niveau. Des joueurs créatifs qui peuvent faire mal à n’importe quel moment. Honnêtement, je préfère les avoir avec nous qu’en face de nous.

Et Ayoub Bouaddi de Lille, le Maroc l’aura ?

C’est un excellent footballeur. Je vais me répéter, le Maroc a aujourd’hui d’excellents footballeurs dans les grands clubs du monde. Les places seront chères, ils vont tous devoir se battre pour faire partie de la liste du Maroc. Et je vais vous le redire, ce n’est pas encore fini, vous verrez d’autres talents bientôt.

Ayyoub Bouaddi, équipe de France Espoirs
© Iconsport

“J’avais besoin de prendre du recul”

A l’inverse, Sofyan Amrabat et Azzedine Ounahi n’ont pas confirmé après leur superbe Coupe du monde. En tant qu’ancien grand joueur, comment l’expliquez-vous ?

Vous savez, c’est difficile après une grande compétition comme la Coupe du monde. On va dans un grand club, après il y a les entraîneurs qui font leur choix. Parfois vous n’êtes pas le premier choix de l’entraîneur, qui souhaite plutôt avoir un joueur de rotation. Il y a aussi la méforme. Et tout ça peut faire douter un joueur. Après une belle Coupe du monde, ils avaient besoin d’enchaîner, de jouer. Mais si tu fais un tour sur le banc, tu perds la confiance. Mais aujourd’hui, Amrabat fait de bonnes choses en Turquie, Ounahi aussi en Grèce. Ce sont de jeunes joueurs, ils vont se relancer, je n’ai aucun doute.

Que devenez-vous, on ne vous voit pas dans le staff de Walid Regragui ?

Je crois que j’ai fait mon temps. Je dois prendre du recul pour laisser la nouvelle génération s’imposer. Je vais revenir, ça s’est sûr. C’est juste une question de temps. Chaque chose en son temps, mon retour sera progressif. J’ai eu l’opportunité de participer à la Coupe du monde 2018, à la CAN avec Coach Vahid. J’avais besoin de prendre du recul pour voir aussi ce que j’aimerais faire dans le futur.

Mustapha Hadji : “ce Maroc me fait penser au Nigeria d’il y a quelques années”

Yoro Mangara

Journaliste, passionné de foot et grand défenseur du football africain.