Finale CAN 2023 : Patrice Neveu – « la Côte d’Ivoire est capable de remporter le trophée » [Exclu]

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A quelques heures de la finale de la CAN 2023 qui opposera le Nigeria à la Côte d’Ivoire ce dimanche, Patrice Neveu s’est exprimé sur cette affiche en exclusivité pour Afrik-Foot.com. 8e de finaliste de la dernière édition avec le Gabon et fort d’une expérience d’une vingtaine d’années dans le football africain, l'entraîneur français, actuellement en quête d’un nouveau challenge, a réalisé une analyse complète des forces et faiblesses des deux finalistes.

Cette finale s’annonce serrée. Est-ce que vous avez un favori ?

Effectivement, ça va être une finale extrêmement serrée. Par ailleurs, on devrait assister à un super spectacle, également en prenant prendre en considération qu’on aura le plein rendement des vingt-deux acteurs, plus les remplaçants. L'horaire est à 20h. Beaucoup de joueurs au cours de cette compétition ont été gênés par la chaleur, notamment sur les premiers tours et les huitièmes. J'en veux pour preuve un joueur comme Seko Fofana qui avait fait un grand premier match et que j'ai trouvé beaucoup moins fringuant ensuite.

Donc on aura deux styles d'équipes complètement différents à prendre en considération : une équipe qui joue sur un 3-5-2, ou 3-4-3, l'équipe du Nigeria ; et l'équipe de la Côte d'Ivoire qui va plus s'articuler sur son 4-2-3-1 avec Haller à la pointe de l'attaque. L'atout du Nigeria, c'est sa puissance. Mais si la Côte d'Ivoire prend la maîtrise au coeur du jeu, qui est essentielle, elle est capable de remporter ce trophée.

« Le Nigeria est capable de frapper à tout moment »

Après, on sait que le Nigeria, avec ses joueurs comme Osimhen, Lookman et autres, est capable aussi de revenir au score à tout moment s'ils sont menés parce que ce sont des joueurs extrêmement dangereux, notamment dans le domaine aérien. Après, il y a l'effet positif pour la Côte d'Ivoire, c’est un match qui se joue bien sûr au pays, donc toute la nation est derrière eux. Mais bon, c'est toujours le terrain qui parle malgré tout, même si l'aspect mental est important. Il ne faut pas non plus que ce soit bloquant pour certains.

Je dirais que l'atout que les Ivoiriens ont pour eux par ailleurs, mentalement, c'est d'avoir frisé plusieurs fois de sortir de la compétition. Là, c'est un match clé où ils seront extrêmement mobilisés. Je n'ai pas vraiment de favori et je dirais que ça va aussi se jouer sur le facteur réussite. Et, comme j'ai dit, sur une multitude de détails : qui marquera le premier, etc. C’est un match normalement qui sera très équilibré au niveau du jeu.

Patrice Neveu, Gabon, sélectionneur
© Iconsport

On se souvient qu’en phase de groupes, le Nigeria avait battu la Côte d’Ivoire 1-0. Est-ce que ce match peut encore avoir un impact sur cette finale au vu des bouleversements que la sélection ivoirienne a connu entretemps ?

On se rappellera que, sur ce match, le Nigeria gagne 1-0 sur un penalty. Le Nigeria avait quand même montré sa percussion offensive. Et, sur ce match-là, la Côte d'Ivoire avait eu beaucoup plus de difficultés à mettre en danger la défense nigériane. Bien évidemment, les analystes vidéo et les deux coachs reviendront visionner et prendre des repères sur cette rencontre. Mais il s’agira surtout de réutiliser le nouveau potentiel ivoirien. Parce que c'est une équipe qui monte en puissance. Mais idem pour le Nigeria, ce n’est pas la même équipe. Par contre, son expression ce sera la même. Je le répète, c'est une équipe encore une fois extrêmement puissante. Donc on sait qu'il faut être très vigilant sur Osimhen dans le jeu aérien et dans ses déplacements en profondeur.

Les coachs vont faire une analyse globale des qualités, des plus et des moins des deux côtés. Chaque équipe prend toujours en considération son adversaire bien évidemment. Mais surtout, et ça c'est essentiel sur une finale : tu dois faire valoir tes forces, tu dois absolument t'appuyer sur tes forces pour pouvoir l'emporter.

« Il y a un côté que je trouve très positif chez Faé »

En tant que coach, quel regard portez-vous sur la réussite d’Emerse Faé ? Vous le voyez plus comme un tacticien ou bien un meneur d’hommes qui influe avant tout sur l’aspect mental ?

Je dirais qu'il a superbement pris la succession de Jean-Louis Gasset. Il avait l'avantage de bien connaître les joueurs. C’est à la fois un vrai tacticien. On l'a vu contre le Mali : même lorsque l'équipe est tombée à dix, il a su repositionner ses joueurs et ne pas subir, être capable d'aller mettre des joueurs en place pour aller chercher la victoire.

Et puis à la fois je dirais qu'il apporte aussi une certaine sérénité à l'équipe, bien évidemment de par les choix qu'il fait et aussi de par les orientations qu'il peut donner : il fait des changements qui sont payants. Il a fait entrer Haller dans le onze lors du dernier match, il l’a fait jouer 90 minutes. On aurait pu penser qu'il l'aurait économisé, sachant qu’il n'est pas encore à 100%. Il a su le garder et Haller a su marquer le but, avec beaucoup de réussite. Mais Faé est dans une spirale, je dirais, extrêmement positive, et il va encore apporter tout son savoir de manager, de tacticien et de réel sélectionneur aux grandes qualités sur cette finale.

Et puis il y a un côté aussi que je trouve positif chez lui. Jean-Louis Gasset est parti, il n'y a pas eu de mauvais mot et il n'a pas voulu faire valoir qu'il remplaçait Jean-Louis et qu'avec lui ce serait comme si ou comme ça. Non, c'était un vrai adjoint et il a su prendre la position d'un numéro un mais en restant humble et serein. Et ça a un retentissement positif sur son équipe.

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Lantheaume Romain

Je suis tombé amoureux du foot africain avec Didier Drogba, puis j’ai découvert Afrik-Foot en 2013. Depuis, nous ne nous sommes plus lâchés !