À quelques heures de la demi-finale aller de Ligue Europa ce jeudi face à l’Atalanta Bergame, Pierre-Emerick Aubameyang s’est livré sur sa renaissance après un gros passage à vide à Chelsea.
Débarqué l’été dernier après une saison quasi blanche à Chelsea, PEA revit à l’OM. Le Gabonais en est le meilleur buteur (27 pions cette saison toutes compétitions confondues), malgré la déflagration du début de saison ayant provoqué le départ avec fracas de l’entraineur Marcelino. “Après une année à vide, il fallait quelque chose qui puisse me stimuler, même si c'est l'extrême parfois ici. (…) C'était stimulant parce que moi aussi je suis un peu fou dans ma tête et j'ai besoin de sentir le public, même si dans un premier temps, ils m'ont boudé”, s’est-il confié dans une interview à L’Equipe.
“J'ai commencé à jouer avec la rage”
Son trou d’air à Londres n’a pas impacté son mental. “Je me suis posé la question : ‘Est-ce que c'est ça d'être vieux ?’ Et je me suis répondu tout seul : ‘C'est toi qui décides en fait. Soit tu décides de suivre ce chemin-là, et tu te dis c'est peut-être l'âge. Ou tu te dis non, c'est des conneries, j'ai encore des choses à faire’. J'ai choisi cette voie-là, je me sentais encore capable de faire des choses et c'est pour ça que je suis venu ici, déterminé. Mais oui, on se pose la question, c'est humain. J'étais déçu et blasé, je me suis un peu… ‘perdu’, c'est un grand mot, mais je me suis laissé aller. (…) J'avais trouvé un bon challenge à Chelsea, avec mon coach qui m'a fait briller à Dortmund (Thomas Tuchel), et qui part au bout d'une semaine. J'ai bien compris, dès le mois de décembre, que la saison était finie, je voulais déjà partir, mais on ne peut pas faire trois clubs en une saison (il avait joué un match avec le FC Barcelone en août).”
Les critiques à l’amorce de la saison l’ont piqué au vif. “Je n'avais jamais connu une telle impatience. (…) Le moment qui m'a le plus touché, c'est le jour où je me suis fait siffler ici à domicile (OM-Lille, 0-0, le 5 novembre). Ça m'a foutu les boules quand je suis rentré chez moi et que j'ai vu ma mère qui était triste. Je me disais : ‘Mais pourquoi ils ont fait ça alors que ma mère est là et qu'elle n'a pas à subir ces choses’. Surtout qu'elle a eu des problèmes de santé il n'y a pas longtemps, je n'ai vraiment pas envie qu'elle vive ça, je veux qu'elle voie son fils comme elle l'a toujours connu, souriant, plein d'énergie. Ç'a été le déclic dans ma saison. J'ai commencé à jouer avec la rage, presque avec la haine.”
“La liberté, c'est la meilleure chose que tu puisses avoir quand tu es attaquant”
Puis il a retrouvé le rythme avec Gennaro Gattuso. “C'est vraiment grâce au travail de Gattuso et son staff, on a bossé énormément, chaque semaine, c'était basé sur le rythme. Il me disait : ‘ça fait combien d'années que tu ne t'es pas entraîné à ce rythme-là (rires) ?’ Bon, Barcelone, on s'entraînait bien, attention. Mais je ne les remercierai jamais assez de m'avoir redonné ce peps, parce que quand tu es bien physiquement, tu réussis les gestes plus simplement. Le travail devant le but, après, je le fais toujours, je prends toujours mon temps pour peaufiner les détails.”
L’ex-Stéphanois a enfin atteint son rythme de croisière sous Jean-Louis Gasset. “Ça me plaît énormément dans le sens où il laisse beaucoup de liberté et ça, c'est la meilleure chose que tu puisses avoir quand tu es attaquant, d'être libre, de pouvoir t'exprimer pleinement. Avec les entraîneurs qui m'ont laissé faire ça, cela s'est toujours bien passé. Ils te responsabilisent. Tu dois assumer ton rôle, tu joues à ton poste. C'est ce qui me rend heureux et me donne envie de me surpasser. Avec le coach, on a juste eu besoin d'un coup d'œil et on s'est compris. C'est la preuve de son expérience dans le football.”