Après un début de saison catastrophique et une douzième place de Ligue 1 peu en accord avec les ambitions du club, l'Olympique de Marseille a connu cette semaine une querelle interne opposant l'entraîneur Didier Deschamps et le directeur sportif José Anigo. Une lutte d'égos qui commence à faire tâche dans le paysage phocéen.
Le week-end à Marseille aura été riche en événements avec une victoire bienvenue face à Ajaccio (2-0) et la lutte de pouvoir entre l'entraîneur et le directeur sportif qui a pris un tour public du côté de l'OM. Didier Deschamps reproche ainsi à José Anigo de manipuler et monter les supporters contre lui. S'en suivent les insultes du directeur sportif à l'égard de l'ancien joueur de la Juventus de Turin : “Il faut tourner sa langue dans sa bouche avant de parler, c'est stupide…” Bref, une gué-guerre entre deux enfants voulant juste un peu plus de considération des parents, le président Vincent Labrune et l'actionnaire principale Margarita Louis-Dreyfus.
Le soucis pour l'OM est que cet incident parait profond. Alors que les deux dernières sorties de l'équipe laissent entrevoir un regain d'espoir quant à la suite de la saison, cet épisode pourrait venir tout gâcher. Deschamps et les joueurs d'un côté, Anigo et les supporters de l'autre.
On a assisté au défilé de soutien de l'entraîneur. Ses joueurs, presque un par un, se sont confiés à la presse louant les mérites du coach olympien et de la nouvelle tactique mise en place apparemment libératrice de tous les maux de l'équipe. Au Sénégalais Souleymane Diawara de dire qu'”On est sur la bonne voie !” pour être repris ensuite par le Burkinabè Charles Kaboré : “Le 4-4-2 y est sans doute pour quelque chose“. “Il y a plus de poids devant le but” selon le Ghanéen André Ayew désormais d'humeur câline lorsqu'il marque. De son côté, le Camerounais Stéphane Mbia “félicite le coach car il a changé la donne“.
Une situation délicate qui pourrait perdurer tant les deux hommes sont indispensables aux yeux du couple Louis-Dreyfus/Labrune. Pas de jaloux puisqu'ils seront sanctionnés pour leur sortie médiatique.
Diouf : “Anigo voulait organiser le club à long terme, tandis que Deschamps voulait des résultats immédiats“
José Anigo a quant à lui le soutien des supporters. Christian Cataldo, président du groupe des Dodger's avoue que le directeur technique est le seul intermédiaire possible avec le club: “C’est un mec qui nous comprend. Il nous a toujours défendu. C'est mieux de parler à un Marseillais plutôt qu’à quelqu’un parachuté de n’importe où“.
Ancien président de l'OM et bon connaisseur de la maison, Pape Diouf pense connaître la raison de leur différent. Selon le Sénégalais, c'est la vision de la politique sportive du club qui en est à l'origine. “Dans un club, s'il y a deux voix ou deux autorités, forcément, ça risque de provoquer des clashs ou au minimum de l'incompréhension. Quand j'ai pris la décision de faire venir Deschamps, j'en avais parlé à mes collaborateurs, dont José Anigo, et tout le monde était d'accord pour sa venue. Le problème est sans doute né sur le fait que José Anigo voulait organiser le club à long terme, tandis que Deschamps voulait des résultats immédiats. À partir de ce moment-là, le divorce était quasiment inévitable. Il me semble que le recrutement n'a pas été fait sur le mode de l'unité. Quand on n'est pas d'accord sur tel ou tel joueur, les tensions commencent à naître. Il faut que chacun fasse appel à un minimum de bon sens, pour trouver un début de solution“, confiait Diouf aux micros du Canal Football Club.
Marseille a affiché une certaine sérénité depuis quelques années qui semble s'étioler peu à peu. Même si la saison est encore longue, une place qualificative pour la Ligue des Champions parait (très) compromise. En parallèle, ce sont maintenant les responsables qui s’entre-déchirent sur la place publique. Cela n'augure rien de bon pour la suite.