Débarqué au Qatar à l'été 2012, Youssouh Hadji a très vite déchanté en voyant son expérience dans le Golfe virer au cauchemar. Un temps impayé puis mis à l'écart, l'ancien international a été intimidé et bloqué alors qu'il souhaitait rentrer en France. Aujourd'hui, l'attaquant dénonce des méthodes d'un autre temps. De plus en plus de voix s'élèvent.
Alors que des voix s’élèvent de plus en plus pour contester l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, ainsi que les conditions de travail des ouvriers qui sont sur les chantiers de construction des stades, les langues se délient de plus en plus chez les footballeurs. Après le témoignage du Marocain Abdeslam Ouaddou, c’est son compatriote Youssouf Hadji qui s’est cette fois confié sur son expérience à Al-Arabi.
Un mauvais souvenir pour l’ancien Rennais, qui s'est retrouvé avec des arriérés de salaires sans la moindre explication, avant d'être tout bonnement mis en marge du groupe. “Du jour au lendemain, j’ai été mis à l’écart de l’équipe, puis on ne m’a plus payé. Je suis allé demander des explications. Au début, on me disait que ça allait s’arranger“, a détaillé le Hadji dans L'Equipe, avant de poursuivre : ““Puis on m’a vite ignoré. Par contre, je n’avais pas intérêt à rater une séance d’entraînement, sinon, c’était une faute professionnelle.”
Youssouf Hadji : “J'ai du mentir pour partir“
Des propos qui font échos à ceux de Ouaddou, qui s'était confié sur son expérience en mars 2013. Le défenseur en avait profité pour également évoquer les affaires de salaires impayés et certaines pratiques des dirigeants des clubs qataris qui sont monnaie courante, comme l'intimidation.
Une intimidation qu'a également vécue Hadji, qui a du ruser d’astuces pour quitter le territoire puisque son club refusait de lui restituer son visa. “Ils m’ont fait du chantage, en me disant que si je poursuivais mon action, je n’aurais pas mon visa de sortie. J’ai dû leur mentir, dire au club : ’Ne vous inquiétez pas, je vais revenir’, pour pouvoir m’évader du pays. J’ai fait comme si je partais en vacances !“, a détaillé l’attaquant qui évolue désormais en Turquie, pour l’émission Enquêtes de foot sur Canal+ Sport, avant de conclure : “Là-bas, on te traite comme un esclave.”
Zahir Belounis, deux ans sans salaire et retenu à Doha
La ruse et le mensonge, seuls moyens d'échapper à ce piège qui s'était refermé sur lui. Mais si Youssouf Hadji a eu la chance de pouvoir quitter le Qatar, ce n'est pas le cas de tous. Zahir Belounis, est lui toujours “prisonnier” de cet eldorado. Arrivé à Doha en 2007, le Franco-Algérien a cru toucher le pactole en signant pour un club de 2e division… Mais c'était jusqu’à ce qu’un conflit avec son employeur ne lui fasse découvrir l’envers du décor. Depuis, il est retenu contre sa volonté et n’est plus payé depuis deux ans. Une situation sur laquelle les autorités françaises ont été informées, mais qui reste bloquée pour l'heure.
Des voix s'élèvent de plus en plus pour dénoncer ces comportements qui sont légion au Qatar, et dont les joueurs découvrent l'ampleur en arrivant dans le Golfe. Car si la totalité pense décrocher de juteux contrats, ils sont nombreux à très vite découvrir la vraie face du football qatari et plier bagages pour quitter le pays, quand ils le peuvent. Ces nouvelles accusations sont une mauvaise publicité dont ce serait bien passé le Qatar, déjà sous le feu des projecteurs avec de fortes suspicions de corruption lors de l'attribution de la Coupe du monde 2014, mais aussi la mort des 44 ouvriers népalais sur un chantier.