Rabah Madjer, fête aujourd’hui ses 50 ans ! Madjer… Un joueur qui a marqué son époque. Son nom est même rentré dans le langage technique du football, désignant le geste consistant à tromper le gardien d’une reprise directe par une talonnade. Portrait.
Rabah Madjer, est né le 15 février 1958 à Hussein Dey, dans un quartier tout proche du centre d’Alger. Très jeune, et comme beaucoup d’Algériens, il joue au ballon dans la rue, un peu partout. Son amour du jeu le conduit à signer à 14 ans dans le club local, le NA Hussein Day (Nasr Athlétique de Hussein Day). Il y restera 11 ans. Onze années durant lesquels il va faire admirer sa technique et son sens du but, alliant efficacité et beauté du geste. Toutes ces performances valent à Madjer d’intégrer l’équipe nationale, où il va immédiatement trouver sa place.
Il intègre la sélection algérienne en même temps que d’autres idoles locales, à savoir Lakhdar Belloumi, Mustapha Dahleb, Salah Assad, ou encore Ali Fergani. Cette succession de talents fait naître un immense espoir en Algérie, où les supporters sont bien conscients qu’ils ont devant eux une génération exceptionnelle. Les résultats sont immédiats, l’Algérie qui n’avait jamais brillé en Coupe d’Afrique enchaîne une finale en 1980 et une demi-finale en 1982. Mieux encore, l’Algérie parvient pour la première fois de son histoire à se hisser en phase finale de Coupe du Monde, une coupe du Monde qui laissera un terrible sentiment d’injustice aux Algériens.
Pour leur entrée en matière, les fennecs affrontent un des favoris de la compétition, la RFA, mais à la surprise générale, l’Algérie s’impose 2-1 grâce à un 1er but de Madjer. Défaits ensuite par l’Autriche, mais vainqueur des Chiliens, les Algériens devaient attendre le résultat du dernier match entre la RFA et l’Autriche, sachant que seule une petite victoire allemande les empêcherait d’accéder à la suite de la compétition, mais malheureusement Allemands et Autrichiens étaient également au courant de ces données… Après une ouverture du score rapide des Allemands, les 2 équipes décidèrent de ne plus attaquer et se livrèrent à une véritable passe à dix pour conserver ce score, qui les qualifiait. Ce résultat élimina les algériens, qui évidemment crièrent au scandale devant ce « match de la honte », sans être entendus par les instances internationales… Depuis, certains joueurs allemands ont avoué à demi-mot s’être entendus avec les Autrichiens avant le début du match… C’est d’ailleurs depuis ce jour que tous les deniers matchs du premier tour des grandes compétitions se déroulent le même jour et à la même heure, afin d’éviter ce genre d’arrangements honteux pour l’équité sportive.
Une brillante carrière internationale
Dans cette compétition, Madjer a tout de même impressionné et est convoité par de nombreux clubs européens. Mais la loi algérienne interdit aux joueurs de moins de 28 ans d’être transférés en Europe. Madjer entame un bras de fer avec sa fédération, qui acceptera au bout d’un an de le laisser partir. Il atterrit en France, au Racing Club de Paris où il reste 2 ans, avant d’entamer en 1985 les plus belles années de sa carrière à Porto. Durant cette période, Madjer gagne tout (championnat du Portugal, coupe du Portugal) et se forge un solide palmarès. Mais bien évidemment, son plus beau trophée reste sans conteste la Ligue des Champions en 1987, où il prit une part énorme dans le succès de son club. Et depuis ce 27 mai 1987, Madjer a pris encore une autre dimension dans le monde du football.
Alors que Porto est mené 1-0 à un quart d’heure de la fin par le Bayern de Munich, Madjer réveille alors son équipe et tout le stade d’un coup de patte magique. Sur un centre en retrait venu de la droite, Madjer effectue une talonnade pour égaliser ! Du jamais vu, un geste plein de classe, de sang-froid et d’audace aussi, qui va impressionner tous les spectateurs présents, et qui va aussi transcender son équipe, qui marque un second but 2 minutes plus tard, ramenant ainsi à Porto la première Ligue des Champions de l’histoire du club. En cette même année 1987, il recevra le ballon d’Or africain, juste récompense pour cet attaquant que l’Europe s’arrache. Après un bref passage à Valence, il retourne à Porto où il finira sa carrière en 1991. Une fin de carrière en apothéose puisqu’il remporte la CAN en 1990, afin de laisser une trace dans l’Histoire de l’existence de cette fabuleuse génération pour le football algérien.
Madjer poursuivit ensuite un peu sa carrière en temps qu’entraîneur, où on le retrouve notamment à la tête de la sélection algérienne, en 1994 puis de 1999 à 2002, où on le verra notamment à l’œuvre face à la France… Mais, limogé à cause de son franc-parler, où il stigmatisait la mauvaise gestion du football algérien par la fédération, il prend du recul avec le terrain. Depuis, il travaille toujours dans le monde du football, où on le voit régulièrement dans les cérémonies officielles.
Voilà donc un petit hommage pour ce magnifique joueur, encore récemment élu « meilleur joueur arabe du siècle », juste récompense pour cet attaquant aux inspirations géniales, qui lui valent aujourd’hui d’être copié sur les terrains, chaque attaquant rêvant d’imiter « le Roi de la talonnade » !
Par Rico29 de notre partenaire l'Univers de l'entraineur
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