Racisme : la semaine qui peut tout changer ?

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Les auteurs d’actes racistes durant les rencontres de football pourraient être très bientôt identifiés et lourdement sanctionnés. C’est ce qu’on peut retenir des interventions récentes de Gianni Infantino, le patron de la FIFA, et de Gabriele Gravina, le président de la Fédération italienne de football. Les deux dirigeants ont proposé jeudi des mesures punitives pour lutter contre ce fléau.

Le racisme n’a pas sa place dans le football. Pour autant, pas une semaine ne passe sans qu’on assiste à un incident en Europe. Dernier exemple en date, les faits regrettables survenus lundi en marge du match Bulgarie-Angleterre (0-6). Lors de cette rencontre comptant pour les qualifications à l’Euro 2020, les joueurs noirs de l’équipe anglaise ont été victimes d’injures racistes de la part des supporters bulgares. Cette situation a entraîné, par deux fois, l’interruption de la partie. Alors logiquement, au lendemain de ce triste épisode, les unes des journaux anglais ont livré des titres plutôt caustiques. Le Daily Mail a ainsi présenté la chose comme une victoire de «6 buts à 0 contre le racisme» tandis que le Daily Express, moins badin, a présenté les Bulgares comme des «loosers».

Les larmes d’un Ballon d’Or

Côté bulgare, Borislav Mihaylov, président de la Fédération, a présenté sa démission. Le sélectionneur Krasimir Balakov n'a pas tardé à en faire de même suite aux propos maladroits qu'il a tenus après la rencontre (il avait déclaré n’avoir rien entendu et banalisé la situation, arguant du fait que l’Angleterre enregistrait plus d’actes racistes que la Bulgarie). Par ailleurs, un détail, et pas des moindres, a retenu l'attention des passionnés de ballon rond : les larmes de Hristo Stoichkov. Attristé par tant de bêtise, le Ballon d'Or 1994 et meilleur joueur bulgare de l'histoire a même préconisé que son pays soit exclu des compétitions internationales. Au vu de l'ampleur prise par ces événements, les réactions des dirigeants du football mondial étaient attendues.

Infantino et Gravina veulent sévir

Et face à ce fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur, Gianni Infantino veut sévir. Le patron de la FIFA a ainsi proposé jeudi à Dacca (Bangladesh) que les interdictions de stade prononcées à l’échelle nationale pour des actes racistes soient étendues à l’échelle mondiale. «Nous ne pouvons pas laisser les personnes racistes gagner. Le football doit continuer et nous devons punir ces personnes», a souligné le dirigeant.

Outre la proposition du président de la FIFA, la Serie A italienne, souvent accusée de laxisme, a pensé à une autre mesure pour lutter contre le racisme. Président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina suggère ainsi qu’un système semblable à la VAR soit utilisé pour identifier les auteurs d’actes racistes durant les matchs : «Nous pouvons utiliser le système de la VAR contre les cris racistes. (…) Je me fiche du nombre de chants, ou de savoir s'ils sont clairement audibles ou pas. Qu'ils soient causés par un, deux ou dix personnes, il faut que nous intervenions».

Rappelons que la Serie A fait partie des championnats européens les plus touchés par les actes de racisme. Cette saison, Romelu Lukaku, attaquant belge de l’Inter de Milan, en a été victime à plusieurs reprises. Idem pour Blaise Matuidi, Moïse Kean, ou encore Kalidou Koulibaly la saison dernière.

Bien que la mise en œuvre de ces propositions ne soit pas encore effective, on peut tout de même y déceler une véritable volonté de bouter le racisme hors des stades. Pourvu que les actes concrets suivent…

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Francis Ahlé