L’équipe du Cameroun s’apprête à jouer, le mois prochain, en Afrique du sud, une nouvelle Coupe du monde de football. Roger Milla, 58 ans, ancienne gloire du football camerounais et mondial, célèbre pour sa danse autour du poteau de corner, a été le premier joueur africain à disputer trois phases finales de cette compétition. Brillant attaquant, il a mené son équipe en quart de finale en 1990 et espère revoir les Lions Indomptables atteindre des sommets. A quelques semaines du coup d’envoi du Mondial 2010, cet ambassadeur itinérant du football camerounais, a accordé un entretien à Afrik-Foot.com. Franc-parler garanti.
De notre envoyé spécial à Yaoundé
Afrik-Foot.com : Quelles chances a le Cameroun de remporter la Coupe du monde de football 2010 ?
Roger Milla : C’est difficile de donner les chances du Cameroun pour l’instant. C’est une Coupe du monde qui va être très relevée ! C’est pourquoi nous voulons des joueurs très conquérants, des joueurs qui vont mouiller le maillot, à la vie à la mort.
Afrik-Foot.com : Sous-entendez-vous que les joueurs de la sélection n’ont pas suffisamment donner d’eux-mêmes ?
Roger Milla : Cet état d’esprit a manqué et même beaucoup manqué. Je pense que c’est l'entraîneur qui a péché. Si vous ne réussissez pas à mettre de l'ordre dans votre équipe, c’est que vous avez failli. Donc, nous espérons que dans les semaines à venir, les choses vont changer pour que nous ayons une équipe conquérante en Afrique du Sud.
Afrik-Foot.com : Quelle est la plus grande force de l'équipe du Cameroun ?
Roger Milla : La force du Cameroun, c’est la cohésion entre les joueurs. C’est pourquoi il faut qu'ils se rencontrent afin qu'ils se mettent d'accord, pour qu'ils ne partent pas en rangs dispersés. Il faut qu'ils oublient les différences qu'il y a entre eux : qu'untel est champion d'Europe, qu'untel est le plus payé, qu'untel joue dans telle grande équipe… Le peuple camerounais n’en a rien à cirer de tout cela. Nous, avant, on arrivait à faire la cohésion, il faut que les joueurs de maintenant y arrivent aussi.
Afrik-Foot.com : Plusieurs de ces grands joueurs que vous évoquez, dont Samuel Eto’o, ont enchaîné bon nombre de compétitions durant la saison. Ne pensez-vous pas qu'ils arriveront complètement carbonisés au Mondial ?
Roger Milla : Non, je ne pense pas. Il y a un mois de répit entre la fin des championnats et la Coupe du monde, donc ils ont le temps de récupérer. Le stage qu'ils feront avant le début de la compétition ne va pas leur ajouter du physique mais plus de technique pour améliorer la cohésion du groupe. Ils vont arriver en Afrique du Sud prêts à gronder !
Afrik-Foot.com : L’entraîneur des Lions indomptables est Paul Le Guen, un Français. Le Cameroun, comme la plupart des équipes de football africaines, fait systématiquement recours à des entraîneurs européens. N’y a-t-il pas d’entraîneur camerounais à la hauteur du défi ?
Roger Milla : Moi, je pense que le Cameroun a la possibilité d’entraîner son équipe. Mais il ne faut pas qu'il y ait d’ambiguïtés. Quand un étranger gagne 50 millions et un Camerounais 250 000, ce n’est pas possible. Nous avons maintenant des Camerounais capables d’entraîner l'équipe nationale mais il faut s'en donner les moyens.
Afrik-Foot.com : Quelle équipe va remporter la Coupe du monde 2010 selon vous ?
Roger Milla : Les équipes les plus affûtées sont le Brésil, l'Espagne, l'Argentine, l'Italie, l'Allemagne et la France.
Afrik-Foot.com : La France ?
Roger Milla : Oui, je mets la France parmi les favorites parce que, en dépit des difficultés qu'elle traverse aujourd'hui, elle reste une grande équipe. Elle a été championne du monde et, dans une grande occasion, elle peut se dépasser. Si elle sort des matchs de poules, elle peut passer encore deux tours…
Afrik-Foot.com : Et parmi les équipes africaines, laquelle ira le plus loin dans ce Mondial ?
Roger Milla : En Afrique, nous comptons sur le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Cameroun, bien sûr. Nous comptons sur toutes ces équipes pour être au niveau des autres. Nous l'avons fait précédemment, alors nous pouvons le refaire.