De bons résultats, une grande gueule, une acclimatation très rapide, Rolland Courbis avait tout pour réussir en Algérie. Cela n'a pas manqué ! Débarqué à l'USM Alger en octobre dernier, le technicien à l'accent chantant fait l'unanimité chez les Rouge et Noir. Retour sur un succès en trois leçons.
Lorsque Rolland Courbis rejoint l'USM Alger, fin octobre 2012, l'homme de 59 ans se trouve à une période charnière de sa carrière. Deux ans plus tôt, il avait purgé une peine de 21 mois de prison -l'essentiel sous le régime du bracelet électronique- dans l'affaire des comptes de l'OM. Ensuite, son retour dans le football n'avait guère été concluant : il restait sur deux expériences ayant tourné court avec la sélection du Niger et le FC Sion, en Suisse. Pourtant, à Alger, le Marseillais revit et fait l'unanimité auprès de tout le peuple usmiste.
La première raison de ce succès est évidente : Rolland Courbis remporte des titres. Déjà deux en six mois. Un beau ratio ! L'ancien entraîneur de l'OM a commencé en offrant la Coupe d'Algérie aux Rouge et Noir. La première de l'USMA depuis 2004, qui plus est remportée face au rival honni du MC Alger (1-0). Dans la foulée, le technicien français permet à Zinedine Ferhat et ses coéquipiers de décrocher le premier titre internationale de leur histoire. L'USM vient à bout des Koweïtiens d'Al-Arabi (0-0 ; 3-2) et grimpe sur le toit du monde arabe, en décrochant la Coupe de l'UAFA (Union des associations de football arabe).
Un franc-parler apprécié
Mais, le succès de Rolland Courbis n'est pas seulement dû à sa réussite sur le plan sportif. Le “plus algérien des Français” a également conquis le cœur des supporters algérois par sa gouaille et son franc-parler. En avril, alors que son club était engagé simultanément en Coupe de la CAF, Coupe de l'UAFA et devait disputer la finale de la Coupe d'Algérie, le Marseillais a critiqué la programmation “inhumaine” des matches de championnat par la LFP (Ligue de football professionnelle).
“A ma connaissance, l’USMA défend les couleurs algériennes dans deux compétitions internationales. Cela suppose qu’elle obtienne le soutien de la part de la LFP. Or, en se référant au calendrier, on constate qu’on est en train plutôt de nous achever en nous conviant à une fin de parcours infernale“, avait lâché Courbis. Des propos qui lui ont valu de comparaître devant la commission de discipline de la LFP en début de semaine.
“Allah ghaleb“, dit-il avec l'accent marseillais
Pour que l'amour soit total entre le peuple Rouge et Noir et le technicien français, encore fallait-il que ce dernier s'habitue aux us et coutumes locales. Mission que Courbis a accompli avec brio. “C'est une grande satisfaction. Après tous les problèmes qu'on a résolu. Allah ghaleb (expression très usitée en Algérie, qui signifie, ‘c'est la volonté de Dieu', ndlr)”, déclarait l'entraîneur, avec son inimitable accent marseillais, dans les minutes suivant le triomphe en Coupe d'Algérie. Unique.
Malgré tout, quelques quiproquos viennent parfois se glisser entre le Marseillais et ses nouveaux hôtes. Les malentendus n'en ont pas moins donné lieu à des situations extrêmement cocasses. Après chacune des deux finales remportées, Rolland Courbis s'est prosterné, front posé sur la pelouse du stade, dans un geste qui rappelle la prière rituelle. La Toile algérienne s'est alors enflammée : Roland Courbis se serait converti à l'islam !
Vers la suite de l'aventure ?
“J'avais critiqué le terrain avec virulence. Cependant, j’avais remarqué avant la finale de la Coupe d’Algérie que le jardinier du stade avait bien travaillé puisque la pelouse était en très bon état. Après notre victoire, j’ai donc embrassé ce terrain que j’avais critiqué. Je sais qu’il y a eu une interprétation comme quoi je me serais converti à l’islam, mais ce n’est pas ça. Ce que j’ai fait n’était pas une prière. Vous et moi croyons en Dieu, mais nous n’avons pas la même religion“, a expliqué le technicien français, avec un sens de la formule dont lui seul a le secret.
En fin de contrat, Rolland Courbis pourrait prolonger avec les Rouge et Noir, qu'il a également conduits à la 5e place en championnat. “L’idée de rester me taraude l’esprit. Le président Ali Haddad m’a clairement affiché son désir de me voir continuer ma mission, je ne suis pas contre cette hypothèse“, a confié le Marseillais à l'APS. Toujours retenu par des impératifs médiatiques en France, le technicien doit d'abord obtenir l'aval de ses employeurs avant de rempiler avec l'USM Alger.
En bon passionné, le “plus algérien des Français” s'est cependant empressé d'indiquer que s'il venait à quitter l'USM Alger, ce serait uniquement pour partir à l'étranger. “En Algérie, il n’y a que l’USMA que je peux entraîner. Pour moi, il s’agit du club le plus structuré et le plus organisé du pays, avec un projet sportif très ambitieux“. Des déclarations traduisant, entre les lignes, une réelle intention de prolonger ? Allah ghaleb. Ce n'est pas Rolland qui dira le contraire !
