Dernière de son groupe des éliminatoires de la CAN 2015, la Sierra Leone a quasiment fait une croix sur ses rêves de qualification. Mais si les Leone Stars ont encaissé le coup de leurs trois revers en quatre rencontres, ils ne digèrent toujours pas la manière avec la quelle ils ont été stigmatisés au Cameroun et en RD Congo à cause du virus Ebola.
Les Sierra-léonais l'ont mauvaise. Près de deux semaines après la 4e journée des éliminatoires de la CAN 2015, les Leones Stars ont encore du mal à faire abstraction des conditions de leurs derniers regroupements avant d'affronter la RD Congo puis le Cameroun à deux reprises. Des stages qui ont laissé des traces dans l'esprits des joueurs, marqués par les suspicions dont ils faisaient l'objet à cause du virus Ebola. Alors que la Sierra Leone, avec la Guinée et le Liberia, fait partie des pays les plus touchés par l'épidémie, la délégation a eu droit à des conditions d'hébergement particulières à Kinshasa et Yaoundé.
Une expérience que n'est pas prête d'oublier Kei Kamara, qui a tenu à revenir sur certains épisodes et dénoncer la stigmatisation dont l'équipe a fait l'objet. “Au Cameroun, mes équipiers ont été jetés de leur hôtel car pour les gens, ils avaient le virus Ebola alors que tous jouent en Europe. Ils sont donc allés dans un hôtel où il n’y avait que des Sierra-Léonais“, a relaté l'attaquant de Columbus Crew à l'APS.
Bedimo : “On n'allait pas au contact comme à l’accoutumée“
Dans son viseur, les deux derniers matchs face au Cameroun, où le protocole d'avant-match s'est déroulé dans une atmosphère tendue. Sur ce sujet, Henri Bedimo s'explique : “Lors de la présentation, au moment de se saluer, on était un peu réticent. On a eu quelques réflexions de certains joueurs – justifiées hein- disant qu’ils sont pas infectés, qu’ils évoluent tous en Europe et donc que c’est pas cool d’être méfiant comme ça mais bon c’est une réaction humaine“, a concédé le Lion Indomptable. “Inconsciemment on sait que le virus est dans ce pays. Peut-être qu’on n'allait pas au contact comme à l’accoutumée mais c’est une réaction humaine. Au match retour, on a fait abstraction de tout ça.”
Kamara : “Les gens vous regardent bizarrement“
Des propos qui font écho à ceux de Michael Lahoud. “Les gens refusent de vous laisser entrer dans certains endroits parce que la première chose qu’ils pensent, c’est que vous avez Ebola. C’est un comportement discriminatoire et assez choquant“, c'était plaint le milieu de terrain de Philadelphia Union, alors que John Kamara a été prié par son club grec du PAS Lamia d'observer “deux à trois semaines“ d'attente avant de réintégrer le groupe.
Mais pour Kei Kamara, comme pour ses coéquipiers, la pire expérience a été en RD Congo, lors de la 2e journée des éliminatoires (défaite 2-0). “Au Congo, c’était terrible. Tout le stade scandait : Ebola, Ebola ! Les gens ne sont pas assez éduqués. Je ne les blâme pas. Mais l’Ebola a débuté dans la rivière Ebola (en 1976) au Congo“, fait-il savoir. “Ils nous font passer des tests deux fois par jour, ils nous auscultent comme des malades. Vous vous sentez traqués. C’est totalement irrespectueux. Les gens vous regardent bizarrement.”
Avec encore deux rencontres à disputer dans ces éliminatoires, face à la Côte d'Ivoire et à la RDC, sachant que les rencontres “à domicile” se tiennent sur terrain neutre pour des raisons de sécurité, l'affront n'est sans doute pas terminé pour les Leone Stars.