Taribo West, un défenseur atypique

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Ses coupes de cheveux extravagantes ont marqué les esprits. Mais pas autant que ses prestations sur le terrain. Taribo West était un joueur aux caractéristiques physiques exceptionnelles, un vrai guerrier. Retour sur une carrière hors du commun.


Taribo West a connu une enfance compliquée. Né le 26 mars 1974 à Port Harcour, il appartenait à un gang de Lagos appelé « Area Boys ». Il a du voler pour survivre. Mais la mort de l'un de ses amis le remet dans le droit chemin. C’est dans le football que le joueur construit sa nouvelle vie et fait table rase de son douloureux passé. Il arrive à percer dans cette discipline et à faire le bonheur de plusieurs clubs.

La France et les USA, terres de consécrations

En 1993, Guy Roux, alors entraîneur de l'AJ Auxerre, recrute ce joueur africain nommé Taribo West qui vient du Nigéria. Un colosse de 1m86 pour 80kg qui va emmener ce club au sommet de l’élite du football français. Après quelques années d’adaptations, il s’épanouit humainement et sportivement. Il se fait aussi connaitre par ses coupes de cheveux originales aux couleurs de son pays.

L'année 1996 est celle de la consécration pour le footballeur au look excentrique. Grâce à ses prestations de haut vol en défense centrale lors de la saison 1995-1996, Auxerre décroche son premier titre de champion de France. Le club termine aussi meilleur défense du championnat avec 30 buts encaissées en 38 rencontres et remporte la Coupe de France. Grand artisan de ce doublé inédit, Taribo West est convoité par les grosses écuries européennes. Il choisit de rejoindre l’Italie.

Avant de partir dans son nouveau club, Taribo West au sommet de sa forme, participe avec le Nigeria aux Jeux olympiques d’été de 1996 à Atlanta. Les Super Eagles possèdent à cette époque une génération de joueurs talentueux, tels que de Jay Jay Okocha, Nwankwo Kanu, Victor Ikpeba, Celestine Babayaro. Avec ces coéquipiers, il décroche l’or olympique en battant l’Argentine (3-2) en final. Le Nigeria participera également à deux Coupes du monde avec sa sélection en 1998 en France et 2002 en Corée du Sud et au Japon.

Recherche de tranquillité

Après les Etats-Unis, Taribo part jouer dans les deux clubs milanais, l'Inter Milan et Milan AC, où il connaît des moments difficiles. Le joueur a du mal à s’adapter à la pression italienne. « Je ne pourrais plus jouer dans ce genre de clubs. Ce sont de grandes équipes, mais elles peuvent vous détruire. Vous vieillissez avant l'âge », affirme le joueur. Et d'ajouter : « en Italie, c'est football tous les jours, de lundi à dimanche. C'est une grande industrie et ils veulent que vous donniez le meilleur de vous même chaque semaine. C'était plutôt sois bon ou on te descend ». Face à cette exigence ardue, le joueur fuit l’Italie pour rejoindre l’Angleterre et Derby County.

Là-bas, il retrouve l’envie de jouer : « en Angleterre, c'est la première fois dans ma carrière que j'ai été en paix avec mon football ». A Derby, le Nigerian compte retrouver son niveau de jeu. Peine perdue avec ce club de petit calibre. Alors, il décide de se relancer en Allemagne à Kaiserlaurtern dans un club un peu plus relevé mais sans résultat. Il quitte les grands championnats européens pour s’exiler en Serbie et au Qatar afin de se refaire une santé et finit par tomber dans l'anonymat. En 2006, il retourne dans son pays natal pour se ressourcer. L’année suivante, il rejoindra le Paykan Tehran FC en Iran, pour an, avant de mettre fin à sa carrière professionnelle.

Au fur à mesure que sa carrière déclinait, Taribo West s'est focalisé sur l'évangélisme et l'humanitaire. Il possède aujourd'hui une église à Milan. Une reconversion inattendue pour ce joueur prometteur.

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Abou Cissé