Timide prestation des Lions de la Téranga

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Le nul concédé lundi devant les étalons du Burkina a jeté une douche froide sur l'euphorie et l'ardeur des supporters des lions. Un silence de mort régnait à Dakar. La déception et la tristesse se lisaient sur bon nombre de visages. Du coup, les grandes places de rencontres nocturnes ont été désertées. Un choc terrible de voir la bande à Diouf tenu en échec par les footballeurs du pays des hommes intègres ! Pourtant ce coup raté laisse certains optimistes, accueillant le nul des lions avec philosophie. Reportage.


De notre correspondant Mamadou Mbengue.

« Dakar en deuil ». Dans l'histoire du pays, depuis l'événement du naufrage du Joola, jamais la capitale n'a été aussi silencieuse. Après le coup de sifflet de l'arbitre marocain du match, la colère et la déception s'étaient emparées de tous les Dakarois qui n'en croyaient pas leurs yeux : leur équipe chouchou tenue en échec par le Burkina !
Pourquoi ont-ils pu rater les trois points de ce match capital, ne cessent de s'interroger plusieurs personnes que nous avons interrogées dans la capitale sénégalaise. Pourtant avant le départ de cette équipe, les Sénégalais n'avaient pas lésiné sur les moyens pour mettre les joueurs dans des conditions optimales. Les autorités, la fédération, la presse, les supporters, chacun a joué pleinement sa partition pour l'assaut final. Déjà le 19 Janvier, le Président Wade les avait invités au palais présidentiel pour remettre au capitaine des Lions le drapeau symbolisant la défense des couleurs nationales ; avec à l'appui un discours de nature à gonfler à bloc les joueurs. Un couturier célèbre de la place avait été invité à porter vingt-deux beaux costumes à leur disposition avant qu'ils ne s'envolent à Tunis à bord de l'avion présidentiel.

Tout un pays déçu

Avant l'échéance de la rencontre avec le Burkina, toutes les radios FM du pays avaient dépêché chacune à Tunis plus de trois correspondants. Mission : ne rien rater des préparatifs et livrer en direct aux auditeurs, tout ce qui se passe avant dans les coulisses du coté sénégalais comme du coté burkinabé.

Après le match depuis Tunis, chaque radio essayait d'entrer en contact avec son correspondant pour mieux comprendre ce qui n'a pu réellement fonctionner. La radio Futur Média a ainsi recruté un consultant en la personne de l'international sénégalais, Khalilou Fadiga forfait pour cette Can. Les auditeurs en direct sur les ondes n'ont pas retenu leur colère pour fustiger l'attitude de tel ou tel joueur et de leur entraîneur. Tout le monde contestait le classement de Guy Stephan.

Nuit lancinante à Dakar

Tous les Dakarois qui n'avaient pas la possibilité de rentrer chez eux pour suivre le match Sénégal- Burkina ont pu le faire grâce à un écran géant installé au centre de la ville par la mairie de Dakar. Ils étaient nombreux sur la place de l'Indépendance. Des milliers d'inconditionnels de la tanière s'étaient ainsi regroupés devant l'écran dans une ambiance bon enfant pour espérer assister à l'exploit de leur star préférée El hadj Diouf. Dans cette ambiance d'avant fin de match, il est très difficile de trouver un seul supporter qui ne soit pas certain de la victoire des Lions. Le nul vierge de part et d'autre à cinq minutes de la fin du match commençait distiller la nervosité et la déception chez les supporters.

casttle-4.gifAprès le coup de sifflet final, on entendait maints supporters faire des reproches aux joueurs et au coach. « Je ne sais pas pourquoi les gens ont laissé partir Bruno Metsu qui était chanceux et compétent. Il connaît mieux que quiconque les joueurs et les réalités Sénégalaises » s'écrie Faye, un inconditionnel des Lions. Selon lui, Metsu est irremplaçable car devenu immortel devant le peuple sénégalais. « Il a beaucoup de philosophie dans le coaching et s'il était là, j'en suis certain, on pourrait même aller en finale de Coupe du monde » nous affirme-t-il.

Le 20 heures de la douleur

Ce lundi à 20 heures reste une pilule amère, qui n'en finissait plus de fondre dans la bouche des compatriotes de Senghor. Tout Dakar était fouetté dans son élan patriotique et sa soif de gloire. Ce Burkina – Sénégal laissa tout un peuple sur sa faim, qui a vu sa suprématie de l'année 2002 contestée sur les pelouses du stade El Mensah. L'ambiance délirante qui était de mise après chaque match des Lions n'a pas eu lieu. Même si avant le coup d'envoi, des podiums avaient été programmés dans certaines parties de la ville. Au finish, ce sont les couleurs nationales qui étaient en berne. « Une amertume que nous avons profondément ressentie après la fin du match comme le souligne le vieux Ndiouga conducteur de car. Je pense que nous avons vécu la même expérience douloureuse que la France au mondial 2002 au Japon. »

De l'autre coté de la route à Colobane Malick Diop chômeur et fan des Lions nous explique qu'il n'existe plus de petite équipe en Afrique et que toutes les équipes se valent. « Il faut que nos joueurs comprennent qu'un match n'est jamais gagné d'avance. Etre favori sur le papier ne veut pas dire gagner forcement le match. Ils doivent être vigilants, créatifs, solidaires, s'ils veulent gagner la Coupe pour ce peuple merveilleux », nous dit-il.

Fête avortée

Aucun signe de vie sur la luxueuse place du Millénaire, qui drainait les foules après chaque sortie victorieuse de Lions. Le signe de joie d'avant match cède la place à la désolation. Elle a du certainement comprendre qu'un mauvais air circulait dans Dakar ce lundi ce soir. La place n'a rien entendu de ces concerts de klaxons. La sono qui distillait ses décibels sur une foule hystérique à la gloire des Lions s'est tue. Le silence de ce soir d'après match n'est pas habituel. Le podium prévu devant la Radio Télévision Sénégalaise (RTS) a tout simplement été démonté. La déception était partout. Rien n'est encore perdu pour certains car les joueurs vont se ressaisir vendredi contre le Kenya et le Mali pour se qualifier.

Timide prestation des Lions de la Téranga

Rédaction

Issa Hayatou, Ahmad Ahmad, Patrice Motsepe… Lancée en 2010, la rédaction d’Afrik-Foot en a vu défiler des présidents de la CAF. Sa plume peut parfois être acerbe mais elle a toujours le même objectif : œuvrer au développement du football africain, sans rien cacher de ses réussites comme de ses faiblesses.