C'est devenu un classique. Désormais, chaque publication de la liste des joueurs du Togo donne lieu à d’invraisemblables polémiques. A moins de trois semaines d'importantes échéances pour les Eperviers, ladite liste se fait toujours attendre. La faute à Didier Six, qui vient d'entamer une grève, dans l'attente du règlement de 100 000 euros par la Fédération.
Derniers de leur groupe de qualification pour la Coupe du monde 2014, à cinq points du leader camerounais, les Eperviers du Togo vont aborder des échéances cruciales le mois prochain. Le 7 juin, face aux Lions indomptables, les coéquipiers d'Emmanuel Aderbayor joueront leur survie puisqu'une défaite serait synonyme d'élimination. Une semaine plus tard, le 14 juin, le Togo abordera un déplacement, lui-aussi capital, en Libye.
Pourtant, à moins de trois semaines de ces rencontres déterminantes, la liste des joueurs convoqués par Didier Six se fait toujours attendre. Une habitude au pays des Eperviers. Les mauvaises langues diront que le retard est occasionné par les dirigeants de la Fédération, occupés à modifier les listes du technicien français. Le sélectionneur a eu, à plusieurs reprises, la désagréable surprise de constater que ses listes ont été modifiées au dernier moment, et sans consultation, par les dirigeants de la fédération togolaise.
Ultimatum de huit jours
Cette fois, le retard ne serait pas dû aux manipulations des dirigeants, mais au sélectionneur lui-même, qui s'est déclaré “en grève” le 17 mai dernier. Didier Six a lancé un ultimatum à ses dirigeants, réclamant le paiement de 100 000 euros ( 65 500 000 FCFA) au titre de “frais de prospection des joueurs togolais en Europe“. Problème : la Fédération assure n'avoir jamais convenu de ce dédommagement avec l'intéressé. Si la facture n'est pas réglée d'ici huit jours, le sélectionneur a brandi la menace d'une démission.
Le départ de Didier Six revient comme un serpent de mer depuis des mois. Le technicien français avait déjà menacé de rendre le tablier avant la CAN 2013, à la suite du non-versement d'une prime après un match contre le Maroc. Fin mars, rebelote : le sélectionneur avait effectué un séjour prolongé au Cameroun afin de méditer sur son avenir. Il ne s'était toutefois pas présenté parmi les candidats à la succession de Jean-Paul Akono.
Un départ pour sortir de la crise
Critiqué par des cadres de la sélection, en froid avec ses dirigeants, la position de Didier Six à la tête des Eperviers apparaît fragilisée. A fortiori depuis qu'il ne peut plus compter sur le soutien d'une partie de l'opinion publique togolaise, refroidie par les mauvais résultats des coéquipiers d'Adebayor lors des éliminatoires du Mondial 2014, après une CAN 2013 pourtant convaincante, bouclée à une place de quart de finaliste.
Pour sa défense, l'homme de 58 ans a, il est vrai, plusieurs griefs à faire valoir. En premier lieu, il pourra objecter que son travail à la tête des Eperviers n'a certainement pas été facilité par les ingérences répétées de la Fédération dans le domaine technique.
Un départ de Didier Six semble donc représenter la seule porte de sortie à une crise qui couve depuis des mois. Le technicien français mettra-t-il ses menaces de démission à exécution ? Cette solution satisferait tout le monde. Cependant, au vu des déclarations récentes du sélectionneur, on pourrait en douter. “Trouver un boulot en Afrique est très difficile“, regrettait-il début avril…