Après vous avoir présenté les structures historiques tels que l'ASEC Mimosas et Génération Foot, Afrik-Foot poursuit son tour d'Afrique des académies de football. Dans ce deuxième volet, place à celles qui ont remarquablement pris le relais, et prouvé leur efficacité au cours de ces dernières années.
Paradou AC (Algérie)
Le succès de Mimosifcom dans les années 2000 inspire un certain Kheïreddine Zetchi, homme d'affaires algérien et futur président de la Fédération, de 2017 à 2021. À l'image de beaucoup de pays africains, le pays regorge de talents bruts, mais souffre de l'absence de véritable projet de formation. En 2007, Zetchi s'associe donc à Jean-Marc Guillou afin de créer un centre qui mise sur la technique et l’intelligence de jeu.
Il sera la pépinière du Paradou AC, club fondé en 1994 dans la commune d'Hydra, sur les hauteurs d'Alger. Par la qualité de sa formation, l'académie fait aujourd'hui figure d'exception dans le pays le plus vaste du continent.
Le centre se distingue par une méthode singulière : entraînements sans gardien ni chaussures, opposition face à des joueurs plus âgés… La première génération, avec Ramy Bensebaïni et d’autres talents, fait rapidement sensation. Le club devient un vivier pour le football algérien, produisant des joueurs comme Youcef Atal et Hicham Boudaoui. Farid El Melali, Adem Zorgane, Abdelkahar Kadri et Yacine Titraoui ont également rejoint l'Europe ces dernières années.
Pendant un temps, relativement peu de joueurs s’exportaient hors du pays malgré le succès de l’académie, faute de structuration des transferts. Un défi que le Paradou semble être en train de relever !
Académie Mohamed VI (Maroc)
En 2010, le Maroc ne fait pas peur à grand-monde. Modestes 82èmes au classement FIFA, les Lions de l’Atlas sont petitement sortis au premier tour de la CAN deux ans plus tôt, pour la deuxième fois d’affilée. Les clubs du royaume sont également en difficulté en coupes africaines. Parti de ce triste constat, le souverain Mohamed VI a posé la première pierre, un an plus tôt, d’une institution portant son nom qui deviendra, une décennie plus tard, un exemple pour tout le continent.
En effet, il décide d’investir massivement dans un centre d’excellence (140 millions de dirhams, soit 13 millions d’euros), à l’image des plus grandes académies européennes. Située à Salé, près de Rabat, l’académie qui portera son nom bénéficie d’infrastructures modernes et d’un encadrement de haut niveau. Le franco-marocain Nasser Larguet, actuel DTN de l’Arabie Saoudite, qui a dirigé également les centres de formation de l’OM, Strasbourg ou encore Caen, prend les rênes du projet. Le Français Pascal Théault, ancien directeur de Mimosifcom, vient l’épauler.
Exigeant, le modèle Mohamed VI se donne les moyens de ses ambitions : développement technique, discipline tactique et suivi scolaire strict sont alliés. Le recrutement, très sélectif, se fait sur tout le territoire marocain via des détections rigoureuses. Les jeunes bénéficient d’un accompagnement éducatif et sportif complet, avec une approche qui favorise la maîtrise du ballon, l’intelligence de jeu et la rigueur physique. Les premiers résultats ne tardent pas à arriver : l’académie forme de nombreux talents qui intégreront au fil des années l’équipe nationale. Youssef En-Nesyri, Nayef Aguerd, Abdel Abqar, Oussama Targhalline ou encore Azzedine Ounahi, révélation du Mondial 2022… Les profils sont variés, mais ne manquent pas de talent.
Le succès de l’Académie Mohammed VI s’inscrit dans un projet global de développement du football marocain, initié par la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) sous la présidence de Fouzi Lekjaa. Grâce à une vision structurée et des investissements conséquents, le Maroc est aujourd’hui un modèle en Afrique en matière de formation, comme en témoigne le parcours historique des Lions de l’Atlas en demi-finale de la Coupe du monde 2022.
Right to Dream (Ghana)
En 1999, Tom Vernon, ancien scout de Manchester United pour l’Afrique, s’associe avec des entraîneurs locaux pour fonder un petit centre de formation à Accra, au Ghana. Convaincu que de nombreux talents passaient au travers du radar par manque d’exposition, il souhaite leur donner leur chance. Le nom est tout trouvé : Right to Dream (“Le droit de rêver“). Loin des académies traditionnelles, RTD met autant l’accent sur l’éducation et les valeurs humaines que sur la formation footballistique, avec une approche qui a fait ses preuves au fil des ans.
RTD prépare ses internes à plusieurs options de carrière : devenir joueur professionnel ou poursuivre des études aux États-Unis grâce à des bourses sportives. Sur le plan sportif, la philosophie repose sur un football technique, offensif et intelligent, inspiré du Manchester United de l’ère Ferguson. L’académie travaille aussi sur l’épanouissement personnel avec des sessions dédiées au leadership et à l’implication sociale. Cette approche a formé plusieurs « Black Stars » comme Majeed Waris, Ernest Nuamah, Kamaldeen Sulemana et Mohammed Kudus, mais aussi les Ivoiriens Simon Adingra et Mohammed Diomande et le Burkinabè Ousseni Bouda.
Face à ces réussites, Right to Dream a vu plus grand. En 2016, elle rachète le FC Nordsjælland (D1 danoise), permettant aux meilleurs talents africains d’intégrer directement le football européen. En 2021, RTD s’étend avec une académie en Égypte en partenariat avec Mansour Group, puis aux États-Unis avec San Diego FC, franchise de MLS. Un programme féminin est introduit en 2013, le premier en Afrique.
Avec son approche éducative et son succès dans l’exportation de talents, Right to Dream s’impose comme un modèle de référence en Afrique, confirmant que le football peut être un puissant levier d’éducation et de développement.
JMG (Mali)
Personnage central dans le développement des académies de l'ASEC et du Paradou, Jean-Marc Guillou a fondé son propre réseau d'académies, labellisées à son nom. En Afrique, la filière ivoirienne a fermé en 2017, mais la malienne, créée en 2006 à Bamako continue d'être particulièrement prolifique.
Fidèle à la méthode appliquée dans le reste des académies (pieds nus, pas de gardien…) l’académie sélectionne de jeunes talents bruts, qu’elle forme dans un environnement rigoureux et structuré dans la capitale malienne.
Depuis sa création, JMG Mali a produit de nombreux internationaux, dont Yves Bissouma (Tottenham), Amadou Haidara (RB Leipzig), Nene Dorgeles (RB Salzburg) et le capitaine Hamari Traoré (Real Sociedad). Ces joueurs, passés par l’académie, incarnent l’identité insufflée par l'académie : technique raffinée, intelligence tactique et qualité de relance.
L’influence du centre se fait donc sentir dans le football malien, où il contribue énormément à l’essor de la sélection nationale.