Tunisie: Ben Ali taclé par le football

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Le football a été marqué par les vingt-quatre ans du régime de Zine el-Abidine Ben Ali. L'ancien président de la Tunisie parti, le ballon rond, qui a pourtant connu quelques bons moments, raconte son malheur et ses errements.


Le corps du régime Ben Ali est encore chaud mais déjà, les langues se délient. Ainsi, le football tunisien commence à parler, à évoquer les problèmes, révélateurs d'un climat vicié, délétère même, dans les arcanes du foot tunisien, intimement lié à Ben Ali, l'ancien homme fort du pays.

Ainsi Ali Boumnijel, l'ancien gardien des Aigles de Carthage, a fustigé la mainmise du régime dictatorial sur le football tunisien. Comme l’a fait récemment le sélectionneur Faouzi Benzarti, l’ancien gardien de but international a pointé du doigt les dysfonctionnements d’une Fédération sous influence. “A une certaine période, en tant que Tunisien de l'étranger, je n'étais pas le bienvenu. Le gendre de Ben Ali, Slim Chiboub, qui était alors président de l'Espérance de Tunis, régnait sans partage. C'était impossible alors pour le Club Africain de gagner le derby par exemple ! Il était impensable qu'un autre club gagne le titre. Seul l'Etoile du Sahel de M. Jennayeh s'est opposé. Henri Kasperczak, quand il était sélectionneur (1994-1998) avait “cassé” la suprématie des joueurs de l'Espérance, qui avaient l'impression de posséder la sélection”, a ainsi regretté le champion d’Afrique 2004 dans les colonnes de France Football.

Népotisme et petits arrangements

Même son de cloche pour Zied Tlemçani, ancien grand avant-centre de l'Espérance de Tunis. “J’appartiens à la Tunisie, mon pays, j’ai toujours cherché à le servir à travers mes connaissances et mon expérience en football notamment, assure-t-il au Temps. Il m’est arrivé de présenter au ministère de la Jeunesse et des Sports un projet de refonte du football tunisien. Ce projet a été remis au directeur des sports d’alors en l’occurrence Mohamed Zribi. Aucune réponse n’est venue justifier son rejet. Il doit sûrement se trouver à l’heure qu’il est dans un tiroir du département à moins qu’il n’ait été jeté dans une poubelle.[…] Mon franc parler dérangeait plus d’une personne.”

Les internationaux actuels, eux, étaient de tout coeur avec les compatriotes restés au pays. “J'aurais aimé être là-bas, au milieu de la foule. Et puis ma mère est à Kairouan. Mais il était impossible de rentrer. J'ai passé des heures et des heures devant les informations et sur le net, a notamment confié Hamdi Kasraoui, le gardien de but du RC Lens, dans les colonnes de la Voix du Nord. J'ai une très grande pensée pour les frères martyrs. Le 14 janvier 2011 restera dans nos mémoires. C'est une nouvelle indépendance pour le peuple tunisien. Maintenant, laissons de côté ce qu'il s'est passé et débutons une nouvelle vie. Nous avons maintenant le droit de dire les choses, de critiquer, mais toujours dans la limite du respect de l'autre. Et bâtissons notre pays dans le respect de ceux qui sont morts pour lui.[…] Je pense à l'hymne national. J'attends ça pour pleurer. Un petit pays de dix millions d'habitants a viré un dictateur. On le voit déjà, la révolution tunisienne peut avoir des conséquences pour d'autres pays qui, comme le nôtre, se diront que c'est possible.”

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Ali Makhan