Depuis mercredi, le championnat tunisien est plongé dans la crise. S’estimant victime d’une “manipulation” après un but refusé à son équipe, un dirigeant de l’ES Sahel a agressé un arbitre assistant après le match contre l’EGS Gafsa (0-0). La direction du club étoilée aurait démissionné et menace de retirer le club du championnat.
Le football tunisien traverse des heures agitées. Après le Clasico enflammé face au Club Africain dimanche dernier (2-1), l’Etoile du Sahel a été au centre d’une nouvelle rencontre électrique mercredi contre l’EGS Gafsa lors de la 19e journée du championnat (0-0).
S’estimant injustement lésés d’un but refusé pour hors-jeu, les coéquipiers de Baghdad Bounedjah ont haussé le ton. A tel point que l’attaquant algérien a fini par bousculer l’arbitre du match. Il a été expulsé sur le champ. Tout cela n’était qu’un prélude : A l’issue de la rencontre, Houcine Jenayeh, le directeur exécutif de l’ESS, a perdu les pédales et agressé Kamel Abdelmomen, l’arbitre assistant qui avait signalé le hors-jeu. Sérieusement amoché, l’officiel a fini en sang dans un brancard.
S’en est suivie une série d’annonces chocs. Criant à la “manipulation“, Jenayeh a présenté sa démission pour dénoncer les erreurs d’arbitrage. “Il n'y a aucune différence entre Abou Iyadh (salafiste tunisien, ennemi public numéro 1, ndlr) et ces arbitres, ils sont encore pires“, a lâché le dirigeant sur les ondes de la Radio Nationale. “C’est clair que tout est orchestré hors des terrains“, a ajouté le défenseur Saïf Ghezal.
Dans la foulée, Zied Jaziri, le directeur sportif de l’ESS et surtout l’entraîneur Faouzi Benzarti auraient à leur tour démissionné. Ils pourraient être imités par la direction du club étoilée, dans son ensemble, qui songe à rendre le tablier. Pour prouver qu'il s'agit plus que de simples paroles en l'air, Amine Mougou, le porte-parole de l’ESS, a fait savoir que le club, actuel deuxième, se retire du championnat en guise de protestation ! Une annonce à ne pas forcément prendre au pied de la lettre tant les clubs tunisiens sont coutumiers du fait (la semaine passée, c’est l'US Monastir qui brandissait la même menace pour dénoncer l'arbitrage).
Le mea culpa de la DNA
Des erreurs d’arbitrage bien trop fréquentes qui suscitent des réactions violentes et disproportionnées (sans parler de la violence dans les tribunes), tels sont les maux qui frappent le football tunisien. Prise entre deux feux, la Direction Nationale de l’Arbitrage (DNA) a tenté de contenter tout le monde en annonçant dans la soirée de mercredi le renvoi de Taoufik Oueslati, le président de la commission de désignation des arbitres, “en raison des fautes à répétition et du manque de circonspection dans la désignation de l’arbitre assistant Kamel Abdelmoumen“.
En réponse à l’Association tunisienne des arbitres de football (ATAF), qui s’est dit “préoccupée“, la DNA a tenu dans le même temps à condamner l’agression de l’arbitre assistant. “Nous allons tenir vendredi une réunion avec les arbitres assistants pour prendre les mesures nécessaires afin d’arrêter le train d’agressions auxquelles sont régulièrement victimes les arbitres et assistants“, a annoncé l’instance. C'est surtout la réaction de la Fédération tunisienne (FTF) et de probables sanctions qui sont attendues.