Le président de la Fédération tunisienne de football (FTF), Wadie Jary, a été placé sous mandat de dépôt le jeudi 26 octobre 2023 pour des soupçons de corruption. À l’origine, un contrat conclu avec un ancien directeur technique de l’instance, en poste au moment des faits.
Wadie Jary rattrapé par la patrouille ? Le dirigeant tunisien de 51 ans a été placé en détention jeudi après-midi, dans le cadre d’une enquête portant sur des soupçons de corruption, a indiqué un porte-parole judiciaire aux médias locaux. Cela faisait suite à l’émission d’un mandat de dépôt à son encontre par le procureur de la République du Tribunal de première instance à Tunis, comme précisé par le porte-parole du Tribunal, Mohamed Zitouna.
Le contrat, la source des maux de Jary
L’ancien joueur au poste de défenseur central de l’US Ben Guerdane et ex-entraîneur, élu à la tête de la FTF en 2012, avait été arrêté la veille, au soir, par la police tunisienne pour une mise en garde à vue consécutivement à une « plainte judiciaire déposée par le ministère (de la Jeunesse et des Sports, ndlr) concernant l'illégalité d'un contrat conclu entre la Fédération et un directeur technique Sghaier Zouita (plus en fonction) », dixit la porte-parole du ministère, Chokri Hamda. Ce dernier explique : « La fonction de directeur technique est régie par le décret n°77-552 du 20 juin 1977. Il doit être nommé par décret et non par contrat. La fédération n’a pas respecté la loi tunisienne. »
En clair, cette nomination incombait au ministère, qui en l’occurrence pointe du doigt un empiètement sur ses prérogatives. M. Hamda souligne en outre que cette affaire est liée « à de la corruption financière au sein de la Fédération », d’autant que, d’après les indiscrétions du journaliste investigateur Romain Molina, la rémunération était beaucoup plus élevée que celle prévue. Pendant ce temps, l’avocat de M. Jary reste « injoignable », rapporte ainsi Le Figaro, et ce, malgré toutes les tentatives en vue d’obtenir d’éventuels commentaires. Conformément à l’article 96 article du Code Pénal tunisien, son client encourt jusqu’à dix ans de prison.
🚨 Wadie Jary est accusé d'avoir conclu un contrat illégal avec Sghaier Zouita, ancien directeur technique de la FTF, ce qui a suscité des préoccupations juridiques.
Le porte-parole du Ministère des Sports et de la Jeunesse, Chokri Hamda, a clarifié que la fonction de directeur… pic.twitter.com/Mxa7OIOlRo
— Noussour 🇹🇳 (@NoussourTN) October 26, 2023
Wadie Jary, quand la roue tourne…
Cette mise en détention de M. Jary n’est autre que la seconde bataille d’une guerre avec le Ministère, à première vue déclenchée par de désaccords profonds entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche, et celui qui paraissait intouchable à l’époque, en raison du soutien indéfectible de la FIFA, plus particulièrement celui de la désormais ex-secrétaire générale de l’institution, la Sénégalaise Fatma Samoura, révèle Molina.
Un bouclier inoxydable qui lui avait permis de braver les tempêtes, alors qu’il s’était retrouvé à maintes reprises dans l’œil du cyclone. Visé par plusieurs enquêtes pour organisation de matchs truqués, des affaires de blanchiment, de détournement de fonds et de corruption, l’actuel numéro un du football tunisien avait réfuté toutes ces accusations à grands renforts d’arguments.
Cette fois, le vent semble tourner. Il retrouvera sur le banc des accusés d’autres personnalités tunisiennes épinglées par la Justice locale ces dernières semaines « pour des affaires autres que sportives », selon Molina. Il s’agit notamment des trois ex-présidents de clubs tunisiens Walid Jalled (AS Soliman), Mohamed Ali Aroui (AS Rejiche), également un de ses mentors d’après le journaliste français, et Mehdi Ben Gharbia (CA Bizertin).