Un an après, le football togolais…

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Un an après l’attaque du bus togolais dans l’enclave du Cabinda, qui avait fait trois morts et neuf blessés, les Éperviers, encore traumatisés par ce drame, se sont confiés à Afrik-foot.


C’était il y a un peu plus d’un an. Soit le 8 janvier 2010. Les Eperviers, en route pour l’Angola et la Coupe d’Afrique des Nations, sont attaqués par un mouvement armé de libération du Cabinda. Pendant quinze minutes, les joueurs ainsi que le staff technique vont être mitraillés. Bilan: Trois morts, neuf blessés et des joueurs sous le choc, qui ne prendront finalement pas part à la compétition. Ce qui devait être un rêve, c’est alors transformé en un véritable cauchemar.

Un an après, les joueurs n’ont pas oublié: “J’étais dans le deuxième bus derrière Adebayor et Kossi. On a eu de la chance. On n’a pas été touché”, se rappelle le milieu de terrain Amewou Komlan. C’est avec un rire nerveux qu’il évoque cet épisode douloureux. “Cela fait déjà un an que ça c’est passé. Je veux oublier. Ça me fait trop mal. Je pense aux morts et à mon ami Obilalé, qui est aujourd’hui handicapé. On doit être fort dans notre tête pour ne pas que ça agisse sur nous et sur notre carrière.” Aujourd’hui, le joueur de Nîmes préfère ne plus y penser et aller de l’avant. Pourtant, parfois, il suffit d’un objet ou d’un bruit, pour lui rappeler le drame. “On nous avait offert à tous des téléphones blackberry. Quand je l’utilisais, ça me faisait penser à l’attaque. J’ai du m’en séparer. Et parfois aussi, sans que je ne sache pourquoi, j’entends nos cris dans le bus.”

L’affaire Adebayor

Traumatisant. Voilà ce qui définirait en un mot l’attaque du bus togolais. À tel point que des joueurs cadres comme Sheyi Adebayor (Man City) ou Alaixys Romao (FC Lorient), qui au final s’est ravisé six mois plus tard, ont claqué la porte à la sélection. Une décision lourde de conséquence pour l’équipe nationale, qui depuis le départ de l’attaquant de Manchester City, peine à remonter à la surface. Pourtant, malgré une qualification compromise pour la CAN 2012 (2 points en 5 matches), les joueurs ne semblent pas tenir rigueur à celui qui restera à jamais le capitaine des Eperviers. “Certes, on a perdu l’atout majeur de l’équipe. La star même. Mais je respecte et comprend sa décision. Moi aussi à un moment je songeais partir mais je me suis vite ravisé. La sélection m’a tout apporté. C’est elle qui m’a lancé”, confie Guillaume Brenner, milieu togolais, qui joue actuellement Larnaca (D1 chypriote). Pour Amewou Komlan, “Adebayor a fait son choix. Je peux pas dire si c’est bien ou pas. Je ne sais pas ce qu’il y a dans sa tête. Je ne juge pas. Tout ce que je sais c’est qu’il a toujours adoré jouer en équipe nationale.”

Si l’enfant chéri du Togo est toujours autant respecté par ses coéquipiers, du côté des supporters, la pilule passe mal : “Il nous a abandonné !”, fustige Félicia, employée de pharmacie à Lomé. D'autres à l'instar de Jean-Thomas, fonctionnaire à l'UNESCO, sont plus partagés : “Ca me fait mal qu'il soit parti. Un joueur du calibre d'Adebayor est indispensable dans une équipe comme la notre. Mais sa décision est justifiée. Tant que les choses ne s'arrangent pas au niveau de la fédération, il ne reviendra pas c'est sûr.” Pour Jean-Paul Abalo, ancien international togolais, le départ de l’ancienne star d’Arsenal est regrettable. “Je n’ai pas compris son choix. Je ne suis pas sûr que l’attaque du bus soit la seule raison de son départ mais je respecte toute fois sa décision”, assure-t-il à Afrik-foot.

Une sélection en difficulté

L'attaque du bus au Cabinda a eu indéniablement un impact négatif sur l'équipe nationale. À l'heure où les équipes africaines se démènent pour se qualifier à la CAN 2012, le Togo est à la traîne. Seulement deux points en cinq matchs et aucun match gagné. “L'équipe est mal partie, mais tant qu'il y a de l'espoir il faut s'accrocher”, explique Guillaune Brenner. En effet, au vu des résultats, les Eperviers devront impérativement s'imposer lors de leurs trois derniers matches s'ils veulent participer à la compétition. Un pari plutôt osé pour les Jaune et Vert, qui depuis le départ de l'attaquant de Manchester City, marquent mais ne s'imposent pas. “Si on échoue cette année, il nous restera encore un peu de temps pour se préparer à la CAN 2013 et à la Coupe du monde 2014 au Brésil, positive le métis avant d'ajouter : “L'équipe se remet peu à peu de l'attaque. Aujourd'hui, nous sommes plus motivés que jamais.”

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Solange Droual