Son nom est encore méconnu en dehors des frontières camerounaises. Valentine Nkwain est au coeur d'un nouveau scandale, avec les accusations de torture sur le jeune gardien de son club, le Victoria United FC. Mais qui est réellement le très clivant président du club de Limbé ?
“Milliardaire” autoproclamé…
Homme d'affaires originaire de Limbé, dans le Sud-Ouest anglophone du Cameroun, Valentine Nkwain est officiellement le président de la société Bobdidy Digital Company, spécialisée dans la fabrication de plastique biodégradable. Cependant, ses débuts professionnels restent assez flous. Certaines sources indiquent qu’il aurait été caméraman de formation, un parcours loin du profil classique des grands industriels.
Malgré ce passé peu documenté, il semble avoir amassé une fortune conséquente, lui permettant de racheter Victoria United en 2020. Un club qu’il va transformer en une machine à gagner… et en nid à scandales.
… et président à succès
Le club surnommé “Opopo“ (acronyme de One People One Power) est au plus bas avant l’ère Nkwain. Relégué de l’Elite One en 2004, Victoria ne retrouve l’élite qu'en 2023, après avoir remporté l'Elite Two 2022-2023.
Porté par l'ambition débordante qui le caractérise (“Si j'ai une bonne équipe, je peux battre Manchester City”, lâchait-il l'an dernier), Nkwain ne cache alors pas ses intentions : “Je suis monté en Elite One pour y rester et y être champion. Personne ne peut m'arracher ce titre.” Une prophétie, puisque Victoria United crée la surprise en remportant effectivement le championnat camerounais dès son retour en première division.
Cette réussite, bien qu'acquise sur fond de polémiques, fait de lui une figure populaire dans la région, notamment dans le contexte de la crise anglophone qui secoue le pays depuis plusieurs années. Pour beaucoup de supporters, voir un club du Sud-Ouest briller à l’échelle nationale est un symbole très fort.
… mais sulfureux
La “success story” aurait pu être magnifique… sans le nombre incalculable de scandales en coulisses.
Déjà, lors de la saison en Elite Two, Victoria United avait été accusé d’utiliser frauduleusement des joueurs issus du Nigeria voisin afin de renforcer son effectif. Son club bénéficie également de de 18 penaltys obtenus en une saison, un total qui suscite la méfiance.
Mais c’est surtout l’affaire des matchs truqués qui éclabousse son règne. En 2023, un enregistrement audio accablant fuit, où Samuel Eto’o, président de la Fecafoot, semble assurer à Nkwain que Victoria United monterait en première division, coûte que coûte. Cette conversation, bien que niée par Nkwain, éveille de forts soupçons de favoritisme.
En Elite One, ces soupçons s’accumulent. Le point culminant intervient avec la CAN 2023, où Wilfried Nathan Douala, meilleur joueur du club, devient le seul joueur local convoqué en sélection nationale. Une reconnaissance qui tourne au scandale lorsqu’une polémique éclate autour de son âge… puis sur sa véritable identité.
Les pratiques de ce personnage haut en couleurs, capable de débarquer sur la pelouse chaussé de tongs pour demander des comptes aux arbitres après un match, font penser à certains noms sulfureux du football européen comme Bernard Tapie (OM), Jorge Nuno Pinto da Costa (FC Porto) ou encore Claude Bez (Bordeaux), connus pour leur influence aussi brillante que controversée sur leurs clubs respectifs. En Afrique, Moïse Katumbi (TP Mazembe) incarne ce mélange de succès mêlé à quelques controverses, même si son image est bien moins entachée que celle de Nkwain.
Et aujourd’hui, une ligne épaisse s’ajoute au dossier : l’affaire de séquestration et de torture de son gardien.
… et “Bro” de Samuel Eto'o
Depuis plusieurs années, Valentine Nkwain entretient une proximité présumée avec Samuel Eto'o, président de la Fecafoot. Certains allant jusqu’à dire que Nkwain bénéficie d’une protection “venue d’en haut”. Une théorie renforcée par son impunité malgré des menaces publiques envers des arbitres et les accusations de favoritisme dans les décisions fédérales.
Cependant, avec l’éclatement de l’affaire de séquestration de son gardien, la question se pose : jusqu’à quand la protection de cet encombrant “bro” (comme Eto'o l'aurait surnommé dans les audios polémiques) durera-t-elle ?
Désormais, sa chute est-elle inévitable ?
Quoi qu’il en soit, le parcours de “Bobdidy” comme il est surnommé à Limbé, continue d’osciller entre succès retentissant et controverses explosives sur “le continent”.