Maintes fois reporté, le championnat tunisien de football tarde a retrouver le devant de la scène. En proie à de graves problèmes financiers, certains clubs ne parviennent pas à sortir la tête de l'eau: salaires impayés, joueurs en grève… Le football tunisien est malade.
Le régime de Ben Ali n'a pas vraiment été tendre avec le football. Mais depuis la chute du désormais ex-président tunisien, le ballon rond ne tourne plus. Le championnat n'a pas repris, les clubs sont au bord de la faillite et les joueurs eux-même sont au plus mal…
Car le football tarde à reprendre sa place en Tunisie. Depuis le soulèvement populaire de la révolution de Jasmin, le retour de la Ligue 1 portait un fort symbole. Mais le championnat a été reporté, après que la Fédération a un temps pensé faire jouer la 15e journée à huis clos. La reprise attendra donc. Une dure nouvelle pour des clubs aux finances exsangues. Les budgets demeurent modestes, de 500 000 € à 5 M€ et même l'Étoile du Sahel, huit fois champion de Tunisie et actuel deuxième du classement, est à la peine. “Il nous manque 1 M€, sur un budget de 4,5 M€, pour finir la saison, raconte Hamed Kammoun, président de l’ESS, qui vient de réduire de 50% le prix des abonnements. Notre financement vient principalement des municipalités, des paris sportifs, de la télévision. Or nous n’avons plus de maire, l’argent des paris n’arrive pas et la télévision nationale ne peut plus payer… La Belgique vit bien sans gouvernement depuis dix mois, pas nous. Cela dit, si le championnat ne redémarre pas vite, j’ai peur que la saison se termine là.”
Grève des joueurs
De leur côté, les joueurs penchent pour une reprise rapide. Pour protester contre le non paiement de leurs salaires, les joueurs du Stade Tunisien ont décidé de boycotter une séance d’entrainement. Yacine Bouchaala, attaquant de l'ES Zarzis, en a lui marre d'attendre. ”Les joueurs sont les premiers à appeler à la reprise du championnat le plus rapidement possible, assure-t-il. Un retour rapide à la compétition est de nature à contribuer à la dynamisation de la vie économique et permettra aux nombreux férus de football qui s'impatientent, de renouer avec l'ambiance des matches.” D'ailleurs, ils sont en train de s'organiser en syndicat après avoir manifesté en début de semaine devant le siège du Ministère des Sports. “Nous sommes en train d'étudier plusieurs questions à ce sujet, comme la couverture sociale, les contrats, les dédommagements en cas de blessures graves, des questions essentielles qui concernent les joueurs, qui sont tout de même les principaux acteurs du football, a ajouté l'attaquant de l'ES Zarzis. Les critiques dont nous faisons l'objet ces derniers temps, à savoir que les joueurs ne pensent qu'à l'argent sont injustes. Nous sommes conscients de la situation que vit le pays actuellement et nous soutenons la révolution du 14 janvier.”
Certains observateurs pensent que le retour de la compétition avec des matches à huis clos, incitera les sponsors à revenir puisque les rencontres seront retransmises sur le petit écran. “Les gens en ont ras le bol des débats politiques, martèle Ahmed Mghirbi, consultant vedette de la télévision privée Nessma TV. Le football, c’est l’opium du peuple, il a un rôle social. Le pays avance à pas de géant, mais tout le monde attend avec impatience la reprise de la Ligue 1. Après la révolution politique, il faut une révolution du football, sinon nous sommes morts. Il y a eu trop de magouilles, d’incompétences.”