A l'issue de la phase de groupes, trois des cinq sélections africaines en lice dans ce Mondial 2014 sont passées à la trappe. Mais loin des résultats sportifs, ce sont surtout les affaires liées aux primes, grèves et comportement des joueurs qui ont défrayé la chronique, voilant les performances sur le terrain. Des habitudes récurrentes et déplorables qui donnent une bien mauvaise image de tout un continent.
Eternelle rengaine… Alors que le football africain a connu une grande première dans la nuit de jeudi en plaçant deux de ses représentants en même temps en 8e de finale d'une Coupe du monde, l'heure n'est pas aux réjouissances, mais à la consternation. Et une fois de plus, pour ne pas changer des habitudes prises, c'est dans le domaine extra-sportif que les ambassadeurs de tout un continent s'illustrent tristement, à des milliers de kilomètres.
La Palme d'Or pour le Cameroun
Car si le Nigeria et l'Algérie ont décroché leurs qualifications sans contestation possible, les Africains ont permis et permettent encore à leurs détracteurs d'avoir du grain à moudre. Sur et en dehors du terrain, tous les grands classiques ont été revisités par les sélections en lice. Premier à lancer les hostilités avant même le coup d'envoi de la compétition, le Cameroun s'est surpassé pour atteindre le summum du ridicule. Du refus de prendre l'avion pour le Brésil sans le versement des primes, en passant par une altercation en plein match entre Benoit Assou-Ekotto et Benjamin Moukandjo, la coupe était pleine.
Alex Song a lui aussi brillé avec son coup de coude sur un adversaire, indigne d'un joueur de son niveau, ou du moins du niveau qu'il avait. Samuel Eto'o, leader de ce groupe aura lui plus joué à cache-cache qu'au football. Certes blessé au genou dès le premier match contre le Mexique, le capitaine des Lions, qui n'ont d'Indomptables que le surnom, a agacé le staff technique en prenant à chaque fois les devants pour communiquer sur son état de santé. A se demander qui était le véritable chef de cette sélection et si Volker Finke n'avait pas de sélectionneur que le nom.
Le tout donnant au final le résultat que l'on connaît : trois sorties pour trois revers, faisant du Cameroun le bon dernier de la compétition. Soit un résultat pire qu'en 2010. A se demander si c'est réellement en tant qu'équipe que le groupe a fait le déplacement au Brésil.
Côte d'Ivoire : “Eléphants cherchent unité”
D'équipe, il n'en est toujours pas question en Côte d'Ivoire. Avec bon nombre de joueurs aux noms ronflants, évoluant dans les meilleurs championnats européens, la Selefanto ressemble plus à une addition d'individualités qu'à un collectif. Cela s'est encore vu lors des trois matchs des Eléphants, qui avaient pourtant leur destin en main et la possibilité d'écrire l'une des plus belles pages du football ivoirien en devenant la génération qui aurait qualifié l'équipe pour la première fois au 2e tour d'un Mondial.
Au lieu de cela, les Ivoiriens se sont sabordés, une fois de plus. Une nouvelle déception qui a attisé la colère des fans inconditionnels des Eléphants qui ne savent plus à quel saint se vouer pour guérir ce mal dont souffre cette soit-disant génération dorée, désormais à ranger au placard. Car si eux n'ont pas eu de soucis de primes à régler (elles auraient même été doublées en cas de qualification), les joueurs ont une nouvelle fois affiché un manque de solidarité flagrant sur le terrain, avec comme point d'orgue l'affaire du brassard de capitaine.
Les primes, encore les primes, toujours les primes
En passe de se qualifier, le Ghana s'est aussi tiré une balle dans le pied en faisant éclater une affaire de primes -encore et toujours- finalement réglée à la veille du match décisif face au Portugal. Mais pour ne rien arranger, Sulley Muntari et Kevin Prince Boateng ont été exclus du groupe avant le coup d'envoi de la partie, pour des raisons disciplinaires. Difficile d'aborder sereinement la rencontre dans de telles conditions et cela s'est ressenti sur le terrain, où l'équipe s'est liquéfiée après son nul héroïque contre l'Allemagne. L'élimination n'en était que logique, avec en prime les insultes de Gyan à des journalistes ghanéens, eux non plus loin d'être irréprochables pour le coup.
Des dirigeants responsables et coupables
Il en restaient deux pour sauver l'honneur : les deux qualifiés en 8es de finale. Mais le Nigeria est en train de tout gâcher avec une grève de l'entraînement liée au versement de… primes. Encore et toujours ces primes. A se demander si les dirigeants des fédérations en question sont sérieux. Comment ne pas gérer en amont toutes ces affaires de primes et autres détails pour mettre les équipes dans les meilleures conditions à la veille du plus grand rendez-vous du ballon rond ?
Lorsqu'il s'agit de primes, ce sont toujours les fédérations africaines qui sont pointées du doigt et se retrouvent sous le feu des projecteurs, mettant en lumière un manque de professionnalisme et d'intégrité criant. A se demander si ces dirigeants se respectent, respectent les instances qu'ils dirigent et veulent réellement faire progresser le football africain. Si à la tête même d'une fédération, les attitudes des décideurs sont discutables, pour ne pas dire douteuses, il n'est alors pas étonnant de voir certains joueurs se prendre pour des divas et se permettent des choses que jamais ils ne penseraient faire lorsqu'ils sont dans leurs clubs respectifs.
Célébrer un succès est devenu problématique
Pour l'heure, seule l'Algérie fait figure de bon élève, et encore. Si pour ce qui est du terrain et du comportement des joueurs tous les voyants sont au vert, certaines attitudes de supporters et de mots à l'encontre de Vahid Halilhodzic sont condamnables. Taclé à tout va après la défaite face à la Belgique, le technicien franco-bosnien a accusé le coup, jusqu'à déplorer en conférence de presse : “On a insulté ma famille.”
Deux matchs plus tard, le voici élevé au rang de demi-dieu après être devenu le premier sélectionneur à emmener les Fennecs en 8es de finale, le tout dans la liesse une ambiance folle, malheureusement gâchée par endroits par des pseudo-supporters plutôt occupés à détruire qu'à célébrer. De quoi relancer les polémiques et exacerber certaines haines, le tout sur fond de relents xénophobes.
Désolant de voir le vraie joie d'une communauté bafouée par une bande de connards qui profite de l'événement pour faire bordel. #BisRepetita
— Petit Pont Moulão (@PetitPontMoulon) 27 Juin 2014
Une fois de plus, quelque soient les résultats sur le terrain, c'est tout un continent qui aura encore défrayé la chronique avec des affaires extra-sportives. Une publicité dont on se serait passé volontiers. Que ce soit au niveau des instances ou des mentalités : du changement, et vite !