Depuis son épopée historique en Coupe du monde 2022, le Maroc de Walid Regragui a entamé une véritable mue. Le sélectionneur a livré ses nouveaux plans tactiques pour passer de Lions de l'Atlas à Lions imbattables.
D'abord reconnu pour sa solidité défensive et sa capacité à faire déjouer les plus grandes nations, le sélectionneur a révélé vouloir faire évoluer son équipe vers un style plus ambitieux. Dans un long entretien accordé à AS, Walid Regragui a livré les coulisses de cette transition délicate.
Après avoir marqué les esprits au Qatar, les Lions de l'Atlas se sont heurtés à une autre réalité : celle de la Coupe d’Afrique des Nations 2023. Sortis prématurément par l’Afrique du Sud en huitièmes de finale (0-2), les Marocains ont vu leur projet initial remis en question. Une déception amère que Regragui analyse comme un tournant stratégique majeur :
« Oui, la Coupe du monde a marqué un avant et un après. Nous avions un modèle pour la Coupe du monde, pour jouer contre les meilleurs, c'était normal de ne pas avoir le ballon. »
Le sélectionneur explique qu'après avoir excellé dans un modèle défensif basé sur l’attente et la contre-attaque, il fallait amorcer un changement :
« Après une Coupe du monde, les équipes ont tendance à changer leur plan de jeu. Si vous venez d'un modèle d'être fort, bien placé à l'arrière, vous avez besoin de temps pour mettre en place une évolution. »

“Il est toujours plus facile de défendre“
Cette évolution vers un jeu plus posé, plus dominateur, n'est pas un choix anodin, mais une nécessité pour continuer à exister au plus haut niveau. Car dominer, avoir la possession et battre des blocs regroupés nécessitent d'autres qualités. Et le technicien parle de son chantier avec lucidité :
« Le jeu positionnel nécessite du temps et des joueurs de qualité. Des joueurs capables de déséquilibrer un bloc bas, et cela nous manquait. (…) Il est toujours plus facile de défendre dans un bloc bas que d'attaquer un bloc bas. Cela prend du temps et nous le savons. »
Conscient de ces lacunes, Walid Regragui a entrepris un important travail de renouvellement et de détection de talents. Ses nombreux voyages à travers l'Europe pour rencontrer des binationaux comme Akhomach, Ben Seghir, Talbi ou encore Sahraoui en témoignent.
Transition en cours
La leçon tirée du Qatar est limpide : l’exploit est possible avec une équipe rigoureuse, mais pour viser des titres, il faut plus de créativité et de profondeur :
« À la Coupe du monde, on s'est rendu compte qu'il fallait plus de talent pour gagner. C'est une leçon pour une équipe qui veut être grande. On peut faire des choses avec une équipe moyenne, mais pour gagner, il nous faut plus. »
En seulement huit mois, Regragui reconnaît que la révolution n’a pas encore pu aboutir pleinement : « En huit mois, nous n'avons pas pu changer d'idée, c'est un court laps de temps. » Pourtant, les premiers signes sont encourageants : 11 victoires, un nul et un goal average positif. Des résultats qui confirment que le Maroc avance, même si la tâche reste immense.